14 mai 2009

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CHARMANTE GABRIELLE
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Charmante Gabrielle,*
Où donc es-tu, ma belle,
Que l’on ne te voit plus ?
Es-tu sur des montagnes ?
Es-tu dans les campagnes,
Ou des Honolulu ?

As-tu bouclé ta malle *
Aux fins d’une eau thermale
Ou de quelque trou cher,
Y dorloter ton rêve
En ta cervelle brève,
Et ta coupable chair ?


As-tu fui dans un cloître
Pour y prier et croître
En sagesse, en vertu ;
Ou si quelque un t’entraîne
Vilainement chez Fresne ?
Enfin, que deviens-tu ?…

Ces jours derniers encore,
O candide pécore,
On ne voyait que toi
Épanouie et rose
Aux endroits où l’on cause,
Aux endroits où l’on boit.



Tu traînais à la traîne
Comme une souveraine,
Les gens les plus flambards ;
Toi, maudite la veille,
Tu étais, ô merveille,
Sa majesté Bompard.


La Presse t’était bonne,
Et tu fus la lionne
Si ce n’est le bœuf gras
Du jour, quelques semaines,
Et la reine des reines,
Grosse comme le bras.


Et sachant ton astuce,
En vérité, je n’eusse
Eté guère esbaudi
De ton collage avec que
Cet anthropopithèque,
L’empereur Lebaudy.

C’est pourquoi je m’étonne
De ta fugue, , mignonne,
Au moment opportun
Où tu étais l’idole
Gironde et mariolle
De tous et de chacun.



Tu parles, si je trouve
Correct, ô jeune louve,
Loin qu’on entre en fureur
Qu’on ne te garde aucune
Espèce de rancune
Pour un moment d’erreur.

Te jeter à la côte
Pour ta légère faute,
Ce serait trop grossier.
N’est-ce pas, mes confrères,
C’en serait des affaires,
Pour un méchant huissier.

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RAOUL PONCHON
le Journal
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1 commentaire:

Robert Villeneuve a dit…

L'histoire du siècle précédent puis après compté par un homme libre et non compromis par le pouvoir comme maintenant. personne ne devait s'interesser à lui mais grâce à vous , ce ressort et c'est bien passionnant. un ami du Québec