15 mai 2009

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ANGLAISES D'AUTOMNE
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En cet instant de Bretagne,
C’est un déluge miss
Aux cheveux couleur maïs,
Qu’aucun homme n’accompagne.

Pas le moindre greluchon,
Pas un mari, pas un frère…
Le sexe fort d’Angleterre
Se conduit comme un cochon !

La plupart sont garcionnières,
Sans notables accidents
- Si vous voulez - que leurs dents.
Mais pour - malgré ces manières -

Que vous ne vous y trompiez,
Elles cachent leur postère
Languissant et solitaire
Sous des robes à sous-pieds,

Rapport à ce qu’elles pneutent.
Elles vont par deux, par trois,
Passionnant les octrois
Et les bourgs qu’elles ameutent.


Et, comme vade-mecum,
Ces demoiselles étranges
N’ont pour nichons de rechange
Qu’un bagage minimum.

Que font-elles ? Où vont-elles,
Surtout en cette saison ?
Pourquoi quitter leur maison,
Leur pays et leurs dentelles ?

Est-ce pour s’harmonier
Sur cette terre bretonne,
A ce doux soleil d’automne
Qui résiste le dernier ?

Cherchent-ils des familles ?
D’absurdes garçons, assez
Aveugles pour exaucer
Leurs désirs de vieilles filles ?

Mais s’ils n’en n’ont pas voulu
Dans la perfide Angleterre,
Nous autres du Finistère
Nous n’en voulons pas non plus.


Depuis ma longue carrière
Je n’ai jamais vu, jamais,
Atteindre ces hauts sommets
De la laideur régulière


Elles ne risquent donc rien
A voyager toutes seules,
Qu’elles soient ou non bégueules,
Elles garderont leur bien.

Sont-ce des larves ?… Peut-être…
Qui reviennent en plein jour
Dans leur classique séjour
Et bouffent du kilomètre ?…


Des manifestations
Astrales et fluidiques ?…
Des prêtresses druidiques ?
Pures suppositions.


Il est certain qu’à la brune
On peut les voir se livrer
A des rites exécrés,
Elles vont une par une,


Comme qui durait hennir,
En leurs fureurs chevalines,
Et piaffer sur les collines
En tutoyant les menhirs
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RAOUL PONCHON

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