15 janv. 2009

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LOUIS MORIN
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Louis Morin par jules Chéret
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Cette gazette fait suite à celle-ci * . Excuses de Ponchon...
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Nous avons grand besoin de dégager des tristesses scientifiques de ce temps un peu de poésie,
un peu de couleur, un peu de gaieté…
(Louis Morin - Carnavals Parisiens)


On me signale de partout,
De Paris comme de banlieues,
De Vladivostok, Tombouctou,
Des tonnerres de Dieu de lieues,
Qu'au cours de mon dernier papier
Du vingt et un février,
Quand je croyais donner la liste
Complète à peu près des artistes
Qui sont la gloire et le succès
De notre vieux
COURRIER FRANCAIS
,
On me signale un oubli - dis-je -
Dont le tout premier je m’afflige :
En effet, j’ai le grand chagrin
D’avoir oublié Louis Morin.
Je ne me croyais pas si bête.
Où diable avais-je la tête
Lundi dernier ? A Port-Arthur ?…
Ma mémoire montre la corde
Décidément Ne sois pas dur,
Morin, fais-moi miséricorde !

Ainsi donc le COURRIER FRANCAIS
Plus encor que je ne disais
Est si riche en rares artistes
Qu’on peut en passer sur la liste !


En nommant Willette et Forain…
Comment oubliai-je Morin,
Ce peintre exquis du dix-huitième
Egaré dans le dix-neuvième ?
Il ne veut rien savoir de nos
Politiques et nos journaux ;
Dans sa douce philosophie,
C’est aux grâces qu’il sacrifie,
La vie est faite de clarté,
Pour lui, de joie et d’évidence,
A ce qui best pas la Beauté
Il n ‘accorde aucune importance.


Ah ! Si l’on écoutait Morin,
On serait bien plus dans le train !
Ce Parisien jusqu’aux ongles,
Rirait, je crois, emmi les jungles,
Avec les tigres… En effet,
C’est bien à peu près ce qu’il fait.

Ainsi, Morin, ne va pas croire,
Qu’en t’oubliant dans mon grimoire
De l’autre jour, c’est parti pris ;
Les lecteurs en seraient surpris
Qui te gardent dans leur mémoire.
Je connais par cœur, crois-le bien,
Ton
Carnaval Parisien,
Tes Quatre Saisons
et tant d’œuvres
Que je compte pour des chefs d’œuvres.
Tout de même je suis baba
D’aujourd hui seulement te dire
Combien je t’aime et je t ‘admire,
Et j’en fais mon mea culpa.


Moi t’oublier ! Mon camarade,
Mais, c’est comme si j’oubliais
Le mois d’avril ou de juillet,
Je ne suis pas tant si malade.
Ou bien encor, c’est comme si
Sur la place de la Concorde
J’oubliais l’Obélisque aussi…
Misère et corde !


RAOUL PONCHON

Le Courrier Français
28 fév. 1904
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voir aussi : portrait de Ponchon par Morin *
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