23 déc. 2008

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SERVICE DE TABLE
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Ah ! le bon service de table
En quelque sorte inimitable
A ce monsieur Waldeck-Rousseau !
Vraiment, l’homme dont la cervelle
Une telle invention vêle,
Il n’a pas le crâne en cerceau.

De ce service chaque assiette,
Qui sait même, chaque serviette
Est un chef-d’œuvre précieux,
Étant peinte et tripatouillée,
Bonnat et bonnatouillée
Par les plus forts de ces messieurs.

Voyez-en le bel avantage :
Selon qu’il mange tel potage
Ou tel rôt il vous assortit
Cette vaisselle - oh ! que choisie ! -
Selon encor sa fantaisie,
Son humeur et son appétit

Il mangera, s’il est malade,
Sur un Gervez, de la panade ;
Sur des chats de Lambert, du mou,
Sur un Bernier de la salade,
C’est au sein d’une algériade
Qu’il aimera du couscoussou.


Rêve-t-il d’un simple ordinaire ?
Il prend un sujet militaire…
S’il veut tortiller du veau froid ?…
Il choisit une assiette où broute
Dans un paysage en choucroute
Une vache de Vuillefroy.

Quand il vient l’époque du carême,
Il se fait servir une brême
Sur un plat signé Jean Béraud.
Chair pâle sur peinture nègre :
Cré nom, cette pitance maigre
Ne saurait me fournir un rot.

Il adopte pour ses lentilles,
Petits pois et autres vétilles
Soit feu Seurat ou bien Signac.
Il croit ainsi, plaisir suprême,
Manger la peinture elle-même
Et se pointiller l’estomac.


Se sent-il d’humeur folichonne
- Et ça ne regarde personne -
Il prendra son assiette Henner
Où, sans linge, on voit qui sommeille,
Tel un œuf dur dans de l’oseille,
Un jeune tendron… ya, mein her.

Souffre-t-il de quelque influence,
Que prend-t-il ? Sa bonne faïence
Où rutile un Gagliardini,
Où quelque brave soldat Yarz éclate
Bleu, vert, doré, rouge écarlate,
Et le voilà dans le Midi.

Mais maintenant je me demande
Avec une anxiété grande,
Que peut-il dans son Munkaczy
Manger ?… Peut-être… des andouilles…
Oui. Et s’il briffe des grenouilles
C’est dans les mares de Tauzy.


Ainsi de suite, ainsi de suite
Quand il se livre à l’herbe cuite
Il préfère son Watelin,
Mais il lui faut une lanterne
S’il veut manger dans son Galerne
Quand ce n’est pas son Pointelin.

Enfin, je dois vous dire qu’une
De ces assiettes l’importune
Et reste sans emploi. Waldeck
La remise loin de sa salle,
Même lavée il la voit sale…
C’est celle de Rembrandt du Pecq
(1).


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français


(1) Bonnat
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1 commentaire:

Eric Poindron a dit…

Cette fois ça y est la voilà enfin la première bonne nouvelle concernant Ferney, le cabinet hisse les voiles et

Le BATEAU LIBRE, LE BLOG DE FRÉDÉRIC FERNEY,

quitte le port direction "les océans du web"...

http://fredericferney.typepad.fr/

Allez faire un tour le pont et laissez un mot au capitaine pour lui souhaiter des beaux voyages...

Avec mes amitiés voyageuses, justement.

Eric Poindron

Le cabinet d'Eric Poindron
http://blog.france3.fr/cabinet-de-curiosites

P.S. N'hésitez pas à reprendre l'information sur votre blog et à la partager avec vos amis et lecteurs.

P.P.S. D'autres bonnes nouvelles sont à venir à la rentrée.