23 sept. 2008

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CHANSON D'AUTOMNE
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Laisserai-je passer l’automne
Sans le chanter ?
Non, non. Je n’y puis résister.
Croyez-moi, c’est la bonne
Saison.
Chaque an, j’y vais de ma chanson.

Que d’aucuns chantent sur leur lyre
Ce qu’ils voudront,
Et qu’ils convoitent pour leur front
Les lauriers d’un Shakspeare…
Ma foi,
C’est leur affaire. Quant à moi,

Qui me moque autant de la gloire
Que d’un corset
Vide et suis né (comme l’on sait)
Uniquement pour boire,
Je bois !
Que si j’ose élever la voix

Dans le tumulte de la vie,
Ce n’est que pour
Célébrer le vin et l’amour,
Et l’amour de ma mie,
O gué !
Encor suis-je bien fatigué.


Que d’autres chantent sur leur lyre
Le doux printemps…
C’est gentil quand on a vingt ans.
Ce serait du délire,
A moi,
De m’emballer à son endroit.

Sans remonter au moyen âge,
Ne vais-je pas
Toucher, en faisant quelque pas,
A l’hiver de mon âge ?
Hélas !
Ce que c’est de nous, Babylas !

Chaque jour m’éveille un coq fauve :
« Fini l’été !
Dit-il. C’est temps, en vérité,
De fermer ton alcôve,
L’ami ;
Ouvre ta cave, mon chéri !

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« Tes dents, vrais haricots malades,
Fichent le camp
Au moindre vent qui souffle et quand
Tu manges des panades,
Et ton
Crâne est plus chauve qu’un toton ! »

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*... *



Las ! je cassais des clous, naguère,
Avec mes dents.
J’avais des cheveux abondants,
A ne savoir qu’en faire,
Jadis…
Il ne m’en reste plus que dix !

C’est pourquoi, je vous le répète,
Je bois du vin,
Car il me semble en avoir vingt
Lorsque je suis pompette.
Et, quoi
Nous sauve, si ce n’est la foi ?

Vive donc le superbe automne
Rouge et doré,
Le vin magnifique et sacré
Qui chante dans la tonne !
Le vin,
Je ne dis pas l’eau… mais le vin !


RAOUL PONCHON
le Journal
19 sept. 1910

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

magnifique blog Ponchon ! un plaisir de lire le poète . très bien.