22 mai 2010

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LE CORSET DE LA POMPADOUR
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A mon ami Jean Goudezki.
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Si c’est moi qui me trompe,
Alors, qu’on m’interrompe.
Je dis que les journaux
Perdent leurs éloquences
Dans le temps des vacances
Et deviennent banaux,
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Vides et creux, ineptes.
- Toutefois, j’en excepte
Le dénommé Journal,
Lequel, avec des princes
Tels que moi, des moins minces
Ne saurait être anal.
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Mais vraiment, pour le reste,
S’y trouve-t-il un zeste,
Un fifre d’intérêt ?
La substance en est lâche,
L’esprit y fait relâche,
Ou, comme qui dirait,
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La vie, en quelque sorte,
N’y vit plus, elle est morte,
Et cela tient à quoi ?
A cette chaleur sombre
De trente-six à l’ombre ?…
Sans doute. Quant à moi,
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Je dis et je répète :
Non, vraiment, c’est trop bête
Que les journaux, l’été.
Je reçois cent gazettes,
Des jeunes et des blettes,
C’est la vacuité.

Je chausse mes bésicles,
J’y lis tous les articles
Jusqu’au nom du gérant ;
Et toutes les rubriques…
Autant mâcher des briques,
C’est bien plus restaurant.
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En vain, je me consume
A donner de la plume
De pauvre gazetier
Une ombre de pâture,
Un motif d’écriture…
Ah ! qué fichu métier
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D’exercer sa loquette
Sur la chose actuelle !
En faut de la santé.
Hé ! puis-je faire naître,
En ouvrant ma fenêtre,
De l’actualité ?
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Une affaire bitrange
En ce moment dérange
Le cerveau de Paris ;
Mais, devant qu’elle gagne
Le mien, à la campagne,
Mes cheveux seront gris.
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* ...*
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Ainsi, cette semaine,
J’étais encore en peine
De copie - oh, combien ! -
Désespérant, pour cause,
De trouver quelque chose
D’assez parisien,


Quand, dans une gazette,
Je lus cette chosette
Digne de mon humour :
Que l’on venait de vendre
Un corset rose tendre
De notre Pompadour !


De quelle Muse prompte,
En rimerait le comte
Robert de Montesquiou !
A côté de ce maître,
Je ne puis me permettre
De gonfler mon biniou.


Faites-moi donc, quand même,
En ce jour de carême,
Parler de ce corset ;
J’en ai peut-être à dire
Quelque peu sur ma lyre :
On ne sait pas… qui sait ?…



Ce corset de mérite
De notre favorite,
- Si j’en crois mon journal, -
Jouissait d’une poche
Devers les tétons proche…
Ça n’est point tant banal.


Mais ici, je m’arrête,
Car
Béranger me guette.
J’en ai déjà trop dit,
O mes lecteurs de France,
Vivez dans l’espérance,
Et faites-moi crédit.


D’autant plus, par ces trente
Degrés, sinon quarante,
Que je deviens manchot.
Je vais faire ma sieste,
Et vous dirai le reste
Quand il fera moins chaud.

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RAOUL PONCHON

Le Journal - 07.08.1899
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1 commentaire:

Mr. PM a dit…
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