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1896 : le Louvre annonce avoir acquis une tiare ayant appartenu au roi scythe, Saitapharnes pour une forte somme.
1903 : on apprend, preuve à l’appui, que cette tiare est l’oeuvre d’un contemporain, Rouchomovsky …. D’où embarras des experts et du Louvre qui retire l’objet exposé depuis plusieurs années… Cliquez sur l'image au milieu du texte.
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A l’horizon, l’ange des certitudes, et dans la nuit sombre, un regard interrogateur.
ODILON REDON
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Donc, d’après certains, il appert
Que cette tiare du Louvre,
Admise par plus d’un expert,
Et que son estampille couvre ;
Casque, si l’on veut, ou bien fez, *
Qui couronna de son grimoire
Le chef de Saïtapharnès,
Dont l’histoire a perdu mémoire,
Ne serait en réalité
Que l’œuvre d’un joyeux fumiste,
Quoique ça, graveur réputé
Et souverainement artiste.
Si ce n’est plus Elina qui
Est l’auteur de cette Tiare,
Mais le Russe Tripatouski,
C’est toujours la même guitare…
Cet objet antique est tout frais,
D’avant-hier, si l’on préfère.
Il fut fait pour le Louvre exprès,
Et puis après ?… la belle affaire !
Qu’il soit de Pierre ou bien de Paul,
D’un Parisien de la Butte,
D’un Russe de Sébastopol…
Faut-il pour ça qu’on le rebute ?
Que loin d’avoir ses deux mille ans,
Cette tiare aléatoire,
Ne date que du gros Milan… *
Est-ce un vice rédhibitoire ?
Qu’on l’ait trouvée en un tombeau,
Au sein d’une ancienne crypte…
Faut-il, pour qu’un joyau soit beau,
Qu’il remonte à la vieille Égypte…
Qu’est-ce que ça nous fait, l’auteur ?
En quoi nous importe la date ?
Si c’est une œuvre… à la hauteur…
Ingénieuse et délicate ?
Elle était cela hier encor,
Quand on la croyait authentique,
C’est-à-dire quand ce trésor
Passait pour être d’art antique.
Aujourd’hui - vous comprenez bien -
Comme on la prétend plus moderne,
Ce n’est plus qu’une écuelle à chien,
Une gamelle… une lanterne…
Son auteur en a du toupet !
Tromper la vulgaire pécore !
C’est un bon fumiste, en effet,
Mais il convient qu’on le décore.
Moi, pour qui son travail est beau,
Je vais de ce pas, dare dare,
Lui commander quelque chapeau,
Et pourquoi pas une tiare ?…
RAOUL PONCHON
Le Journal
30 mars 1903
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