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MADAME NATION
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Et surtout n’allez pas croire
Que la ci-dessous histoire
Se passait au temps jadis
Dans un pays de féerie ;
Mais trois jours après " Patrie ",
La veille de " Quo Vadis ",
Tout là-bas, en Amérique.
Ce pays préhistorique,
Fut toujours possédé par
Le démon de l’alcoolisme.
Jusqu’ici, nul exorcisme
N’a mis ce démon à part.
On a beau prêcher ces quakres
Plus entêtés que des fiacres,
Ou même édicter contre eux
Les peines les plus sévères,
Ils n’en perdent pas un verre,
De jour en jour plus nombreux.
Or, la semaine dernière,
Prise de fureur guerrière,
Une dame Nation,
- C’est ainsi qu’on l’appelle, -
A l’instar de la Pucelle,
Se crut une mission.
Et surtout n’allez pas croire
Que la ci-dessous histoire
Se passait au temps jadis
Dans un pays de féerie ;
Mais trois jours après " Patrie ",
La veille de " Quo Vadis ",
Tout là-bas, en Amérique.
Ce pays préhistorique,
Fut toujours possédé par
Le démon de l’alcoolisme.
Jusqu’ici, nul exorcisme
N’a mis ce démon à part.
On a beau prêcher ces quakres
Plus entêtés que des fiacres,
Ou même édicter contre eux
Les peines les plus sévères,
Ils n’en perdent pas un verre,
De jour en jour plus nombreux.
Or, la semaine dernière,
Prise de fureur guerrière,
Une dame Nation,
- C’est ainsi qu’on l’appelle, -
A l’instar de la Pucelle,
Se crut une mission.
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Ce veau tombé de la Lune,
Pour mieux dire, cette Hune,
Datant des Huns d’Attila,
S’est dit : « L’instant est propice,
Il convient que je sévisse :
L’alcoolisme, tout est là ! »
Aussitôt, elle rappelle
De vieilles folles comme elle,
Demoiselles mal en point,
Sortes de laissés - pour compte,
Inaptes à la remonte,
Qui desséchaient dans leur coin.
Alors toutes ces Ménades
Se changent en mascarades,
Et se munissent, « ad hoc »,
De casques du Moyen-Âge
Et de haches d’abordage,
D’estramaçons et d’estocs.
En ce farouche équipage,
Elles mènent grand tapage
Et pénètrent dans les bars
Où d’inoffensifs ivrognes
Se peinturlurent la trogne
Avec des brandys flambards.
La Hune prend la parole,
Mais, d’abord, elle contrôle,
Subodore les cocktails,
Roulant un œil effroyable
Devant ces alcools du Diable :
« Boirez-vous donc des grogs tels,
« Qui ne sont que boissons blêmes ?…
Non. Je les boirais moi-même,
Plutôt », dit-elle. Il faut voir
Le tableau, non le décrire.
Les pochards la laissent dire,
Et ne veulent rien savoir.
Sans plus tarder, elles sacrent,
Patafiolent et massacrent,
S’acharnant, ainsi qu’il sied,
Sur les clients en déroute ;
Dans la bagarre, sans doute,
Ecope le tenancier.
Ceux-ci, devant cette peste,
Ne voulant pas être en reste,
Travaillent à coups de poing
Sur ces navrantes espèces ;
Ils leur tapent sur les fesses
Et leur en bouchent un coin.
« Voyez de quoi je me mêle,
- Disent-ils, - sottes femelles !
Pour ne rien dire de pis.
Elles nous la baillent belle ;
Est-ce que, par exemple, elles
Voudraient qu’on boivent à leurs pis ?…
Et tandis que les mégères
S’en vont, à jambes légères,
Assiéger d’autres bars,
Nos amis, dans leur repaire,
Demandent un autre verre :
L’honneur est sauf des deux parts.
RAOUL PONCHON
le Journal
18 mars 1901
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