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PARIS SERA-T-IL PRÊT EN 1900 ?
.PARIS SERA-T-IL PRÊT EN 1900 ?
En dépit de certains qui hargnent,
Le grand bazar marche aujourd’hui ;
C’est partout des gens qui n’épargnent
Leurs peines aux fins d’icelui.
J’ai donc promené ma gidouille
Dans quelques ci-devant quartiers :
Quelle admirable ratatouille
De manœuvres de tous métiers !
Il n’y a pas, on fait des choses :
J’en ai vu qui creusaient des trous,
J’en ai vu qui , sans fin ni pauses,
Plantaient des clous et des écrous.
C’est une fourmilière humaine
Qui travaille le jour, la nuit,
Qui, sous l’œil d’un Dieu qui les mène,
Détruit autant qu’elle construit.
On vous met de l’échafaudage
Sur chaque à peu près monument ;
On en mettra bien davantage
En 1900, probablement.
Ne croyez pas que nos édiles
Soient inactifs en leurs maisons ;
Ils ont des séances fertiles
D’où sortent des combinaisons.
Une des plus grandes pensées
De leur règne sans précédent :
Le tramway des Champs-Elysées
Aura d’ici peu son pendant.
Car, bien qu’un Bauchart en discute,
Demain, un autre retira
Le Sacré-Cœur, comme la Butte
Au grand beuglant de l’Opéra.
Les kiosques, leur autre pensée,
Qui ne s’ouvrent que de côté,
S’ouvriront tôt sur la chaussée ;
N’en doutez mie, c’est voté.
Et tenez : l’Opéra-Comique
Eût déjà levé son rideau
S’il n’y manquait - non la musique -
Mais simplement la prise d’eau.
Bref, comme un cruel Vatenguerre,
Pour cette fête de la paix
Chacun trime ; je ne vois guère
Que moi n’en fichant pas épais.
Au milieu de cette tourmente
Qui lui laisse quelque instants,
Mon propriétaire m’augmente
Déjà ! C’est un signe des temps.
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