21 mars 2009

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FLORE PARIÉTAIRE
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Voici le printemps,
Pourvu que ça dure,
Bonsoir mes enfants,
A la revoyure !

Peur de vous noyer
Dans les balayures,
Allez relayer
A vos relayures.

Les voilà partis
Devers leurs provinces,
Les grands, les petits,
Les gras et les minces.

Ministériels,
Nationalistes,
Les marchands de miel,
Les jemenfoutistes,

Les petits costos,
Les glands de potence,
Et les aristos
De quelque importance…


Mis ne pleurez pas
La défunte Chambre :
Croyez que les gars,
Au mois de novembre,

Réapparaîtront
Ici, de plus belle.
Luira sur leur front
Une ardeur nouvelle.


Au demeurant, si
Ce n’est pas les mêmes,
C’en sera d’aussi
Sinistres et blêmes.

Déjà naît partout
Une étrange flore
Sur les murs, sur tout,
Rouge ou tricolore…

Ce sont les placards,
Les jaculatoires
De tous nos lascars.
Lisez, pauvres poires !

Remarque, croquant,
Que leurs éloquences
Sévissent même quand
Ils sont en vacances.


Au diable, l’impôt !
Tu as, en revanche,
Une poule au pot
Semaine et dimanche.

Tu jouis encor,
En toute franchise,
D’une manne d’or
A Montmartre sise.

Qu’est-ce que tu veux
De plus, incurable ?
Sont-ce point tes vœux ?…
Si ces misérables

Ont des langues à
Nulle autre pareilles,
C’est pour l’agora
Des longues oreilles.


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
13 avril 1902

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