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A Bourg-la-Reine

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Il parait qu’à Bourg-la-Reine,
Dans cette cité sereine,
De tout repos jusqu’ici,
Il règne une terreur folle,
L’on y vole et l’on y viole,
On y patafiole aussi.

Chaque jour, dans les familles,
De timides jeunes filles
Se plaignent amèrement
D’êtres mortes… ou en butte
Aux attaques d’une brute,
D’un satyre véhément.

Mêmes craintes et murmures
De femmes plus ou poins mûres,
A leur mari, à leur amant…
Il n’est jusqu’à des douairières
En proie aussi. Ces dernières
Se vantent probablement.


Quoi qu’il en soit, Bourg-la-reine
Depuis plus d’une semaine
N’est plus qu’un séjour maudit :
Les dames et demoiselles
Ne sortant plus de chez elles
Une fois passé midi.

Ici, vous allez me dire :
Cet effroyable satyre
N’est donc pas au cabanon,
Pour qu’encore on le redoute ?
Il n’est donc pas pris ? Sans doute.
Sait-on au moins son nom ? Non.

Non, l’auteur de tant de crimes
Tient à garder l’anonyme.
Las ! tant pis. Heureusement,
La plupart de ses victimes
Sont à peu près unanimes
Quant à son signalement :

Front moyen, nez ordinaire,
Yeux quelconques, nez vulgaire,
Sans signe particulier.
Il portait une chemise
D’une nuance indécise,
Encore ces jours derniers.

Eh bien, que fait la police ?
Elle fait son âpre office.
Croyez que ses fins limiers
Sont sur les dents. Les gendarmes
Nuit et jour sont en alarmes
Et ne sentent plus leurs pieds.

Le héros reste invisible.
Peut-être. C’est bien possible,
Il est caché dans Paris…
Ou bien, s’il se fait la paire,
Devers un autre hémisphère,
Je n’en serais pas surpris…

A moins que je ne me leurre,
Il doit être tout à l’heure
Chez nos amis les Humbert
A boire une absinthe, avec que
Cet autre gaillard l’évêque
In partibus, Rosenberg…


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
16 novembre 1902
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