.
.
Le vrai Pater Noster
.O Notre Père qui êtes
Je ne sais où… quelque part,
Inaccessible rempart
Pour nos âmes inquiètes ;
Notre règne arrive un jour,
Voire le plus tôt possible,
Le Vôtre est inadmissible,
Et puis, c’est bien notre tour.
Notre volonté soit faite
Sur terre et la vôtre au ciel,
Pas assez substantiel
Votre ciel pour notre fête.
Les carcasses de lapin
Gardez-les pour votre table ;
De sorte plus équitable
Partagez-nous votre pain.
Faites que l’on ne retrouve
Jamais plus la môme Humbert.
Je tremble pour mon aubert
Dès que je vois cette louve.
Assurez-moi de l’eau d’aff *
Jusqu’à mon moment suprême ;
Ou - ce qui revient au même -
Ne me donnez jamais soif.
Méfiez-vous de vos prêtres,
Au lieu d’en faire pleuvoir.
Ils m’empêchent de vous voir,
J’ai beau larguer mes fenêtres.
Epargnez-nous les amis
De la sainte République,
Préférant cent fois la trique
De ses pires ennemis.
Eteignez en nous l’envie
Et du Juste et du Normal,
Bref, délivrez-nous du mal,
C’est-à-dire de la Vie.
RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
22 juin 1902
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire