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LA GREVE DES COUTURIERES
. O petites couturières
Conspuez les mille fois
Ces Poquins, ces Laferrières
Qui travaillent de vos doigts.
Revendiquez vos huit heures,
Exigez de ces patrons
Des conditions meilleures
Et des salaires plus prompts.
C’est déjà trop qu’une femme
A moins que de se noyer
En quelque commerce infâme
Soit réduite à travailler ;
Mais que plus fragile, en somme,
Avec autant de besoins,
Elle peine plus que l’homme,
Tout en gagnant beaucoup moins,
C’est la chose la plus lâche
Qu’il soit possible de voir
Depuis que Dieu, sans relâche
Fait la lâcheté pleuvoir.
* ....*
Je vous plains, petites âmes,
De tout mon cœur. Votre sort
Consenti par ses programmes
Est triste jusqu’à la mort.
Que de fois je vous ai vues
Descendre de vos faubourgs
A des heures imprévues
Allant à vos hart-labour.
Vous vous fanez dans des turnes
Sans soleil, sans peur, sans air,
Contraintes et taciturnes,
En été comme en hiver.
Vous demeurez entassées,
Tel un douloureux bétail,
De toutes façon blessées,
O martyres du travail.
Du matin au soir, courbées,
Sous vos doigts minutieux
Naissent des robes de fées
Qui vous arrachent les yeux.
.
Vos heures se traînent grises…
Et vous êtes, après tout,
Aussi lasses d’être assises
Que d’autres d’être debout.
Si de dessus votre ouvrage
Vous levez le nez parfois,
Un surveillant plein de rage
De vos quat’sou ven prend trois ;
De même si l’on vous lasse
Un moment pour déjeuner,
Ce serait de la simplesse
A vous, de vouloir dîner .
Pensez donc que ces merveilles
On les attend sans retard,
Il faut y passer vos veilles.
Vous irez dîner plus tard…
J’admire votre courage,
Car, malgré ces jours subis
De lamentable esclavage,
Combien de fois je vous vis
Qui sortiez de ces géhennes,
Sans un geste de dégoût,
Sans un murmure de haine,
Comme quelqu'un qui s’en fout.
Vos heures se traînent grises…
Et vous êtes, après tout,
Aussi lasses d’être assises
Que d’autres d’être debout.
Si de dessus votre ouvrage
Vous levez le nez parfois,
Un surveillant plein de rage
De vos quat’sou ven prend trois ;
De même si l’on vous lasse
Un moment pour déjeuner,
Ce serait de la simplesse
A vous, de vouloir dîner .
Pensez donc que ces merveilles
On les attend sans retard,
Il faut y passer vos veilles.
Vous irez dîner plus tard…
J’admire votre courage,
Car, malgré ces jours subis
De lamentable esclavage,
Combien de fois je vous vis
Qui sortiez de ces géhennes,
Sans un geste de dégoût,
Sans un murmure de haine,
Comme quelqu'un qui s’en fout.
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