15 mars 2009

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FAGOT
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Mon excès de clarté fait ton aveuglement.
(le poète MAILLET)


Il y a Faguet et Fagot, *
Dit un ancien proverbe goth.
Pour moi c’est kif-kif bourriquot.

Fagot, Faguet, la chose ou l’homme, *
C’est paquet et paquet, tout comme
Et tu peux l’aller dire à Rome.


Et pourtant non, car, nom de Dieu;
Un fagot est utile un peu,
Puisqu’on en peut faire du feu.

Tandis que Faguet !… je proclame
Que tu ne pourrais de son âme
Faire jaillir la poindre flamme.

Il a du latin et du grec
Assez pour se rincer le bec ;
Mais a-t-il quelque chose avec ?

Non. Peut-être il compète en thème.
Mais quoi ? C’est tout. Pourrait-il même
Nous dévider du loucherbème ?


Ce funèbre grammairien
N’aimant ni le beau ni le Bien,
Et qui n’est bon à rien de rien

Est naturellement critique
Et de s’y connaître il se pique
En la matière dramatique.

A cette heure, il fait Débats,
C’est dans les colonnes d’en bas
Qu’il combat les mauvais
combats.

C’est là, sur ce lit de torture
Rembourré de son écriture,
O poète ! qu’il te mesure


A son aune ! L’aune à Fagot !
J’espère pour le sieur Rigo
Qu’il en a plus long que Fagot.

C’est une de ces fortes têtes
Qui te vous suivent le Prophète
Sur le livret de la Muette.



Est-il haineux ? est-il gâteux ?
Il me semble peu hasardeux
D’affirmer qu’il est tous les deux…

Il n’entend rien, ne comprend mie,
Toute lyre est son ennemie…
Il est mûr pour l’Académie.


Enfin cet amant de Circé
Résout ce problème insensé
D’être plus Sarcey que… Sarcey.


RAOUL PONCHON
le Courrier Français
01 mai 1898
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