3 févr. 2009

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CADETS DE GASCOGNE
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Nous sons les cadets de Gascogne.
Tous adjectifs sont superflus.
Hein ? qu’est-ce que j’entends ? qui grogne ?
Nous sons les cadets de Gascogne,
Je vous le répète, et je cogne
Celui qui dit un mot de plus.
Nous sons les cadets de Gascogne,
Tous adjectifs sont superflus.

Nous sons les cadets de Gascogne.
Et la Gascogne elle est partout.

Mais, de préférence, en Gascogne.
Nous sons les cadets de Gascogne.
Les uns sont de la Catalogne,
D’autres nés natifs de Chatou.
Nous sons les cadets de Gascogne.
Et la Gascogne elle est partout.


Nous sons les cadets de Gascogne,
La fleur du monde occidental.
Hein ? déjà la peur vous empoigne ?
Nous sons les cadets de Gascogne.
Tenez, voici Pied de Valogne
Et Bec-salé de Bougival.
Nous sons les cadets de Gascogne,
La fleur du monde occidental.


Voyez ces mollets en métal,
Sont-ce des mollets de cigogne ?
On peut les montrer sans vergogne,
Voyez, ces mollets de métal.
Ils sont à Fouchtra, du Cantal,
Ces mortadelles de Bologne.
Voyez ces mollets en métal,
Sont-ce là mollets de cigogne ?

Té, regardez-moi cette trogne :
On la nomme Poniatowski.
Elle est gasconne de Pologne
Té, par conséquent, cette trogne.
Elle est l’ornement d’un ivrogne
Qui vous boirait n’importe qui.
Té, regardez-moi cette trogne :
On la nomme Poniatowski.

Celui-ci, né dans la Dordogne
Est cité pour son galoubet.
Il faut le voir à la besogne,
Celui-ci, né dans la Dordogne.
Il était au Bois de Boulogne
Lorsqu’on a conspué Loubet.
Celui-ci né dans la Dordogne
Est cité pour son galoubet.



Celui-là, c’est l’enfant prodige.
Son nom n’est pas dans l’almanach.
Il a la face callipyge,
Celui-là, c’est l’enfant prodige.
Je ne vois qui lui fait la pige
Que Cyrano de Bergerac.
Celui-là, c’est l’enfant prodige?
Son nom n’est pas dans l’almanach.


Ce petit, c’est notre Coppée,
Un poète fils des pampas.

C’est lui qui dit notre épopée
Ce petit ; c’est notre Coppée.
Il manie aussi bien l’épée,
Seulement, il ne s’en sert pas.
Ce petit, c’est notre Coppée,
Un poète fils des pampas.


Moi, je suis un enfant de Marseille,
Et je m’appelle Marius.

Ne m’échauffez pas les oreilles,
Moi, je suis enfant de Marseille.
Taisez-vous, je vous le conseille,
Ou j’éclate comme un obus.
Moi, je suis enfant de Marseille,
Et je m’appelle Marius.



Nous sons les cadets de Gascogne.
Remerciez-nous du cadeau

Que nous vous faisons de nos poignes.
Nous sons les cadets de Gascogne.
Que l’étranger vienne en Bourgogne,
Vous nous trouverez à Bordeaux.
Nous sons les cadets de Gascogne,
Et nous voilà : c’est un cadeau.


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
09 juillet 1899

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