9 janv. 2009

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Ils travaillent au Dictionnaire
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L’Académie ne veut pas admettre dans son Dictionnaire
certains termes d’usage courant ayant un caractère d’obscénité.
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Ton grand Dictionnaire
Bitrange et sublunaire,
N’est déjà point si tant
Ventripotent,

O coupole, ma mie !
Il se meurt d’anémie ;
Et l’on lui voit les os
Sous tes ciseaux.

Car, loin que tu l’augmentes
Et le suralimentes
De quelques mots nouveaux
Bien faits et beaux,

Encor tu lui supprimes
D’ingénieuses rimes,
Des mots superlatifs,
Sans nuls motifs.

Aujourd’hui, dans ta rage,
Tu passes au cirage
D’obscènes mots gaulois
De bon aloi.
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C’est bientôt dit : obscènes
Puis, ils vont par douzaines,
Ces mots, vieille folle ! à
Ce compte-là,

Le parler de nos pères,
Sous tes coupes sévères,
Devient un vrai
sabir,
Ne peut servir

Qu’à rédiger le Code,
Quelque journal de mode…
Ou le Paris mondain,
Ou le Bottin.

Notre admirable langue
Sera tôt pâle, exsangue,
Comme un vers d’opéra.
Il n’y aura

Bientôt
que monsieur Dide,
En son âme candide,
Qui pourra ramager,
Ou Bérenger.


Que de littérature
Et d’élite - rature
Ainsi ton crayon bleu !
Regrette-le.

Que de mots historiques,
O coupole ! et lyriques !…
Enfin, fleur de vertu,
Comment veux-tu

Que le simple vulgaire,
Dont tu ne t'émeus guère,
Qui brave le… latin
En son jaspin ;

Et qui ne s’embarrasse
D’une phrase un peu grasse,
Et d’un terme scabreux,
Le malheureux,

Le peuple dont le verbe
Est un ragoût superbe,
Un
Liébig de ces
Mots pourchassés ;


Oui, chère Académie,
De ces mots ennemie
Académiquement,
Dis-moi comment


Veux-tu donc qu’on s’exprime,
Si tu les lui supprimes ?…
Il apprendra tantôt
L’Espéranto.

Sans compter que tels membres
De nos deux hautes chambres
Seront parfois assez
Embarrassés.



RAOUL PONCHON
Le Journal
01 déc. 1905

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