28 janv. 2009

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Sonnet familier
à
M. Gustave Guillardet
rond de cuir et dramaturge

Maudissant le travail, notre éternel bourreau ;
Plissant un front songeur où se croisant les rides,
Guillardet
(1), amaigri par des labeurs arides,
Soupire chaque jour ;
« Je vais à mon bureau !… »

Quel pays ; quelle rue ; enfin quel numéro
Peuvent-ils désigner à nos désirs avides
L’endroit où Guillardet met ses hémorroïdes ?…
Où donc, ce fantastique et fou
buen-retiro ?…

De grâce, réponds-nous, ô Guillardet (Gustave) :
Est-ce près de Chatou ?… sur la terre batave ?…
S’y rend-on en wagon ?… en ballon ?… à baudet ?…

Gustave, dis le-nous !… Qu ‘au seuil de la baraque
On puisse après ta mort graver sur une plaque ;
« C’est ici que jadis travaillait Guillardet. »


Hugues Delorme
pour copie conforme
RAOUL PONCHON
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Réponse à Hugues Delorme


Quand Guillardet vous dit : « Je vais à mon bureau »
Il y va, voilà tout ; et n’en fait pas mystère.
Certes, il n’y va pas, pressé comme un clystère,
Mais enfin, il y va, jeune godelureau !

Il faut que vous ayiez en mœlle de sureau
L’esprit, pour contester ce fait élémentaire.
Puis, chacun n’a-t-il point son bureau sur la terre ?
Sommes-nous pas logés au même numéro ?

Mais, tandis que vous-même et moi-même, ô Delorme !
Nous avons un bureau qui nous attend sous l’orme ;
Guillardet constamment se rend au sien, d’un pas

Sacerdotal et sûr - c’est ça qui vous le rive…
Et que si, par hasard un jour il n’y va pas,
Vous pouvez bien penser que le bougre en arrive.


RAOUL PONCHON
le Courrier Français
22 mai 1904

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(1) Guillardet écrivit avec Delorme de nombreux livrets pour opérettes
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