23 janv. 2009

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Défense à Dieu
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Voici qu’ils t’ont fait ton affaire,
O Seigneur du Calvaire :


Ils ne veulent plus de bon dieu,
Ces noms-de-dieu.

Ils te craignent même en peinture,
Ces vieille gravures.


Ils t’ont rivé tes derniers clous,
Ces barbe-à-poux.

Ainsi, pourquoi dans les prétoires
De ces tristes poires,


Paraissais-tu prendre en pitié
Tous ces navrants pieds ?
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Réclamer un peu de justice
Du haut de ton supplice ?…

Tu les gênais énormément…
Je ne sais comment ;


Mais je m’en rapporte à ces gourdes,
Aveugles et sourdes.

Maintenant te voilà honni,
Banni, fini.


Ils t’ont mis dans leurs catacombes,
Ces espèces de Combes.

Dans leurs greniers ou dans leurs lieux
Ces vieux messieurs.



Et voilà la chose publique
Leur foutue République

Sauvée encor, si tu les crois,
Du fardeau de ta croix !


Une ère s’annonce nouvelle,
Plus heureuse et plus belle,


Nous allons avoir du bon temps,
Un éternel printemps !

Déjà l’air qu’en France on respire
Est - pour ainsi dire,

Plus laïque ; et, m’écoutez bien,
Les femmes sont pour rien.



Et j’ai bu, de même, aux Wallace
Ne sais quelle vinasse.

O Christ ! tu vois, si pour ma part,
Je devrais aimer ton départ !

Et cependant je te regrette.
J’aimais mieux ta tête


Que celle, bien sincèrement
De notre gouvernement.

Mais il fallait bien que tu succombes
Sous les efforts de Combes.

C’était bien trop de lui et toi :
Tu faisais double emploi.


RAOUL PONCHON
le Courrier Français
01 mai 1904

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