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LE TUBE
.Epouvantable, énorme,
Adopté désormais
Un peu par tout le monde,
Par les hommes du monde
Et les « monsieur Homais » !
Chapeau le plus stupide,
Chapeau le plus turpide
Qu’ait jamais inventé
La cervelle en délire
D’un…sans art et sans lyre,
Ou d’un âne bâté !
Galurin hérétique,
Absurde, inesthétique,
Monotone, bêta,
O chapeau de démence
Où le dandy commence
Où finit le rasta !
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Tu sois le diadème
Princier, évident,
Que tu sois la couronne
Du patron qui patronne
Notre cher Président ;
Que tu couvres un rustre,
Ou quelque gueule illustre
Tu n’en es pas moins laid ;
Que tu sois haut d’un mètre
Sur la tête du maître
Ou celle du valet ;
Que tu sois aussi terne
Que le quartier des Ternes
Ou que ces miens couplets ;
Brille comme une étoile,
Hideux tuyau de poêle
Avec dix-huit reflets ;
Sors, ô coiffure vile,
De chez le plus habile
Dont le bon goût reluit ;
Demi-muid, décalitre,
Sors, fourneau, sors, bélître,
De chez quelque 4 !! 8 !!!
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Pyramide ou t’évase
En manière de vase
En façon de tromblon ;
Adopte telle courbe
Que tu voudras, vieux fourbe ;
Sois à poil ras ou long,
En soie, en peau de zèbre,
Tu resteras funèbre
Comme un enterrement ;
Quand même on te décore-
rait, oh oui ! même encore,
D’ un plumet véhément !
Tube, je t’en conjure,
Ne me fais pas injure,
Epargne mes cheveux ;
Garde-toi pour ces êtres
Qui furent mes ancêtres
Qui seront mes neveux !
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
14 fév. 1897
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