5 déc. 2008

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MON CAMARADE et MOI
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Un jour avec mon camarade
Je faisais une promenade ;
Nous causions de la pluie ainsi que du beau temps
Et de mille sujets encor plus importants :
Politique, Beaux-Arts, élections baroques,
Et de nos santés réciproques.
Il me disait : « Hélas ! ma santé ne va guère,
Ou plutôt ne va pas du tout ;
Oui, je craque par chaque bout
Ainsi qu’une vieille galère.
J’ai des maux d’estomac, je ne digère plus,
Mon sang trébuche dans mes veines,
Et brochant sur le tout, j’ai d’atroces migraines :
Je suis rendu, fourbu, perclus.
Et Dieu sait si j’en prends de ces eaux purgatives,
Minérales et laxatives,
Tisanes, poudres, thés, des huiles de ricin
A faire reculer un saint ;
Bref, mon vieux camarade,
Plus je me soigne et plus je suis malade. »

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« Parbleu, les cieux m’en soient témoins !
Lui dis-je, l’on serait, certes, malade à moins.
Va, quitte-moi tous ces remèdes
Qui ne sont bons que pour des Chinois et des Mèdes ;
Et purge-toi, vois-tu, car il n’est rien de tel
Avec le PURGATIF de monsieur GERAUDEL. »


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
Oct. 1889
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