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LE TRAIN DES POCHARDS
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On vient d’inaugurer en Angleterre un train chargé de recueillir les gens ivres, les jours de fêtes.
Ah ! mon Dieu, que ce train doit faire
De bonnes affaires !
Avec tous ces pochards
Les balochards
De la vieille Angleterre !
O vous, qui n’avez jamais vu
Un homme bu,
Il faut passer la Manche.
Vous ne savez pas ce que c’est
Dans notre beau pays français,
Et même le dimanche.
On les entasse,
On les empile,
Soit côté face,
Soit côté pile.
J’entends le sifflet du départ
Et le train part,
Et le train file !
Bientôt ils ont le mal de mer.
Ils gerbent les uns sur les autres
Leur gin, leur ale et leur porter,
Tout en se disant : A la vôtre !
Cinq minutes d’arrêt. Buffet !
Ces mots magiques,
Produisent toujours leur effet
Sur ces cochons tragiques.
Voici qu’ils s’émeuvent,
Descendent comme ils peuvent,
Et vont récupérer un brin
Ce qu’ils ont perdu dans le train.
A chaque fois, on en recueille,
On te les cueille,
Pour ainsi dire, feuille à feuille.
De même, à chaque station,
Il faut ajouter un wagon.
On en met en première classe,
En seconde classe,
Et les pires dans les fourgons.
Où vont-ils ? Ils s’en soucient peu.
On les fait descendre où l’on veut.
Tandis le conducteur aboie,
D’aucuns s’écroulent sur la voie.
Le train reparti, vous pensez
Qu’on en retrouve d’écrasés.
Vraiment, qu’est-ce que ça peut faire ?
- « C’est leur affaire -
Disent les braves employés -
L’important, c’est qu’ils aient payé ! »
La clientèle diminue,
Mais peu,car on en prend toujours,
Il y en a qui continuent
Pendant des nuits, pendants des jours.
Que leur importe !
En réalité, la plupart
N’arrivent jamais quelque part.
Ce sont des sages.
Certains ainsi de ces pochards
Font plusieurs fois le voyage,
Et reviennent toujours à leur point de départ.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
03 août 1905
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Ah ! mon Dieu, que ce train doit faire
De bonnes affaires !
Avec tous ces pochards
Les balochards
De la vieille Angleterre !
O vous, qui n’avez jamais vu
Un homme bu,
Il faut passer la Manche.
Vous ne savez pas ce que c’est
Dans notre beau pays français,
Et même le dimanche.
On les entasse,
On les empile,
Soit côté face,
Soit côté pile.
J’entends le sifflet du départ
Et le train part,
Et le train file !
Bientôt ils ont le mal de mer.
Ils gerbent les uns sur les autres
Leur gin, leur ale et leur porter,
Tout en se disant : A la vôtre !
Cinq minutes d’arrêt. Buffet !
Ces mots magiques,
Produisent toujours leur effet
Sur ces cochons tragiques.
Voici qu’ils s’émeuvent,
Descendent comme ils peuvent,
Et vont récupérer un brin
Ce qu’ils ont perdu dans le train.
A chaque fois, on en recueille,
On te les cueille,
Pour ainsi dire, feuille à feuille.
De même, à chaque station,
Il faut ajouter un wagon.
On en met en première classe,
En seconde classe,
Et les pires dans les fourgons.
Où vont-ils ? Ils s’en soucient peu.
On les fait descendre où l’on veut.
Tandis le conducteur aboie,
D’aucuns s’écroulent sur la voie.
Le train reparti, vous pensez
Qu’on en retrouve d’écrasés.
Vraiment, qu’est-ce que ça peut faire ?
- « C’est leur affaire -
Disent les braves employés -
L’important, c’est qu’ils aient payé ! »
La clientèle diminue,
Mais peu,car on en prend toujours,
Il y en a qui continuent
Pendant des nuits, pendants des jours.
Que leur importe !
En réalité, la plupart
N’arrivent jamais quelque part.
Ce sont des sages.
Certains ainsi de ces pochards
Font plusieurs fois le voyage,
Et reviennent toujours à leur point de départ.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
03 août 1905
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