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ZOLA DEVANT L’ACADEMIE
.ZOLA DEVANT L’ACADEMIE
Nombre de votants : 30
Tartempion : 31voix
Zola : 00 -
Non, tu n’auras jamais à la Grande Institute
Le moindre strapontin ;
Tu jouerais sur un cor… au pied un air de flûte
Bien plutôt, c’est certain.
Mais aussi, c’est de la cérébrale anémie,
En bois de calembour,
Que vouloir être admis dans cette Académie,
Si tu n’as rien fait pour.
Tu nous diras que ton œuvre est considérable :
Cela point ne suffit.
Que leur importe ? Ici plus d’un est perdurable
Qui jamais n’écrivit.
Tu es un fort pondeur, certainement , Émile,
Et tes Rougon-Macquart
Se tirent, l’un dans l’autre, à cent et quelques mille,
Qui font rêver Aicart.
Et qui contesterait la valeur de ces bibles
Serait audacieux :
Mais qu’est-ce que cela ? Songe aux irrésistibles
Titres de ces messieurs.
Comme Cherbuliez es-tu de l’Helvétie ?
Es-tu fort au loto
Comme Doucet ? Es-tu lieutenant de vessie
Comme Pierre Loto ?
Ou, tel Perraud, évêque ? As-tu percé des isthmes ?
As-tu su manier
Autant d’alexandrins bourrés de solécismes
Que Monsieur de Bornier ?
Sors-tu - pâle Gréard plus ou moins de Normale ?
Ou, dans son belvéder,
As-tu jamais, ainsi que Monseigneur d’Aumale,
Surpris Abd-el-Kader ?
As-tu léché la gueule à de vieilles douairières,
Veuves de feu Buloz ?
Mais non, ce fut toujours de très pauvres derrières,
Dont tu chantas le los.
Es-tu, comme Pasteur, de la microbancie
Un hardi pionnier ?
As-tu le nez en coup de vent de Clarétie ?
L’oeil bigle d’Ollivier ?
En math’ comme Bertrand saurais-tu bien répondre
Si l’on t’interrogeait ?
Que sais-je ? Moi… Fais-tu blanchir ton linge à Londre
A l’instar de Bourget ?
Es-tu bien seulement fils de ton père, comme
Dumaphis l’est du sien ?…
Non ?… ne songe donc point à devenir, pauvre homme,
Académicien.
Ces messieurs choisiraient plutôt le Shah de Perse.
Alors, fais-en ton deuil ;
Et va jouir en paix des fruits de ton commerce
Dans un grenier d’Auteuil.
RAOUL PONCHON
1894
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Tartempion : 31voix
Zola : 00 -
Non, tu n’auras jamais à la Grande Institute
Le moindre strapontin ;
Tu jouerais sur un cor… au pied un air de flûte
Bien plutôt, c’est certain.
Mais aussi, c’est de la cérébrale anémie,
En bois de calembour,
Que vouloir être admis dans cette Académie,
Si tu n’as rien fait pour.
Tu nous diras que ton œuvre est considérable :
Cela point ne suffit.
Que leur importe ? Ici plus d’un est perdurable
Qui jamais n’écrivit.
Tu es un fort pondeur, certainement , Émile,
Et tes Rougon-Macquart
Se tirent, l’un dans l’autre, à cent et quelques mille,
Qui font rêver Aicart.
Et qui contesterait la valeur de ces bibles
Serait audacieux :
Mais qu’est-ce que cela ? Songe aux irrésistibles
Titres de ces messieurs.
Comme Cherbuliez es-tu de l’Helvétie ?
Es-tu fort au loto
Comme Doucet ? Es-tu lieutenant de vessie
Comme Pierre Loto ?
Ou, tel Perraud, évêque ? As-tu percé des isthmes ?
As-tu su manier
Autant d’alexandrins bourrés de solécismes
Que Monsieur de Bornier ?
Sors-tu - pâle Gréard plus ou moins de Normale ?
Ou, dans son belvéder,
As-tu jamais, ainsi que Monseigneur d’Aumale,
Surpris Abd-el-Kader ?
As-tu léché la gueule à de vieilles douairières,
Veuves de feu Buloz ?
Mais non, ce fut toujours de très pauvres derrières,
Dont tu chantas le los.
Es-tu, comme Pasteur, de la microbancie
Un hardi pionnier ?
As-tu le nez en coup de vent de Clarétie ?
L’oeil bigle d’Ollivier ?
En math’ comme Bertrand saurais-tu bien répondre
Si l’on t’interrogeait ?
Que sais-je ? Moi… Fais-tu blanchir ton linge à Londre
A l’instar de Bourget ?
Es-tu bien seulement fils de ton père, comme
Dumaphis l’est du sien ?…
Non ?… ne songe donc point à devenir, pauvre homme,
Académicien.
Ces messieurs choisiraient plutôt le Shah de Perse.
Alors, fais-en ton deuil ;
Et va jouir en paix des fruits de ton commerce
Dans un grenier d’Auteuil.
RAOUL PONCHON
1894
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