18 sept. 2008

.
.
.
HUMOUR ...
.

Dans Venise la rouge,
Pas un morceau qui bouge,
Pas un chameau sur l’eau,
Pas même un veau.


Pas même un simulacre
De cocher ou de fiacre :
De l’eau partout, partout,
Un point, c’est tout.

.
.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
1889

.
000
.

Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
.
Seul, assis à la grève,
Le grand lion soulève,
Sur l'horizon serein,
Son pied d'airain.
.
Autour de lui, par groupes,
Navires et chaloupes,
Pareils à des hérons
Couchés en ronds,
.
Dorment sur l'eau qui fume,
Et croisent dans la brume,
En légers tourbillons,
Leurs pavillons.
.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
.
Ainsi, la dame abbesse
De Sainte-Croix rabaisse
Sa cape aux larges plis
Sur son surplis.
.
Et les palais antiques,
Et les graves portiques,
Et les blancs escaliers
Des chevaliers,
.
Et les ponts, et les rues,
Et les mornes statues,
Et le golfe mouvant
Qui tremble au vent,
.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
.
Ah ! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
.
Pour le bal qu'on prépare,
Plus d'une qui se pare,
Met devant son miroir
Le masque noir.
.
Sur sa couche embaumée,
La Vanina pâmée
Presse encor son amant,
En s'endormant ;
.
Et Narcissa, la folle,
Au fond de sa gondole,
S'oublie en un festin
Jusqu'au matin.
.
Et qui, dans l'Italie,
N'a son grain de folie ?
Qui ne garde aux amours
Ses plus beaux jours ?
.
Laissons la vieille horloge,
Au palais du vieux doge,
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
.
Comptons plutôt, ma belle,
Sur ta bouche rebelle
Tant de baisers donnés...
Ou pardonnés.
.
Comptons plutôt tes charmes,
Comptons les douces larmes,
Qu'à nos yeux a coûté
La volupté !
.
.
Alfred de Musset
.
.

Aucun commentaire: