8 juil. 2008

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ENCORE A PONCHON
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Soleil aux rayons noirs, Ponchon, être étonnant !
Tu sais que le pale ale est mon goût dominant :
Eh bien, par la voûte éternelle
Qui sur nos fronts déroule une bannière d’or,
De vert pâle, d’azur ou de rubis encor,
Je t’aime autant que le pale ale !

Tes vingt ans ont déjà du ventre, et, de par Dieu,
Dans sa sérénité joyeuse le ciel bleu
Est maussade au prix de ta joie.
Quand l’aurore parait, pourprée, au seuil divin,
Elle est pâle à côté de l’aurore du vin
Qui dessus ta trogne rougeoie.

Ah ! Tu te moques bien du monde et de l’ennui !
Il ne te faut pas qu’un banc pour y coucher la nuit,
Au clair de lune, ô mon poète !
Et quand, le lendemain, se lève Ta Gaîté,
Tu peux marcher nu-tête au grand soleil d’été,
En chantant comme une alouette.


MAURICE BOUCHOR
Chansons joyeuses
1874

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