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SAINT FIACRE
(Patron des jardiniers)
.Fiacre était, selon la légende,
Fils unique d’un roi d’Irlande.
Mais aux vains plaisirs de la cour
Il préférait la solitude,
Le renoncement et l’étude.
Craignant de recueillir un jour
La succession de son père,
Qui n’était du tout son affaire,
A l’insu donc de celui-ci,
Il abandonna sa patrie
Et, pour tout dire, en raccourci,
Il vint en France, dans la Brie.
Là, dans un lieu fort retiré,
Il put vivre selon son gré
D’une existence solitaire,
Cultivant un lopin de terre
Dont, tant bien que mal, il tirait
Sa nourriture, le pauvret !
Et pourtant, malgré sa misère,
Il trouvait encor le moyen
De faire quelque peu de bien,
En se privant du nécessaire ;
Accueillant tous les malheureux,
Qui frappaient à son ermitage,
Leur donnant ses fruits, son laitage.
Le métier devint désastreux,
Car ceux-ci se l’envoyaient dire,
Voire, ils lui venaient si nombreux,
Qu’à la fin, il n’y put suffire.
Il alla conter son chagrin
A l’évêque, son suzerain,,
Qui permit au bon solitaire
De prendre autant d’arpents de terre
Qu’il pourrait enclore, en un jour,
D’un simple sillon de labour.
Trop heureux de cette fortune,
Celui-ci, confiant en Dieu,
Prit tout simplement un épieu,
Et, sans effort, sans peine aucune,
Il le traîna derrière lui…
Et voilà, prodige inouï !
De par la volonté suprême,
Le sol se creusant de lui-même,
A ce point, qu’au soleil couchant,
Il possédait un vaste champ !
*
*... *
Fiacre alors connut l’abondance.
Il fit de la culture intense.
Or, une nuit, lui vint du ciel
Un rêve providentiel,
Tel qu’il vit, par « correspondance »
Que le roi son père était mort,
Et que ses sujets tout d’abord,
Songeant à son humble personne,
Pour lui proposer la couronne,
Hélas ! dont il ne voulait pas,
S’étaient, quelques-uns, mis en route.
Il n’avait pas prévu ce cas.
Il refuserait, somme toute…
Et pour mieux encore « y couper »,
Il pria Dieu de le frapper
Momentanément de démence.
Et Dieu son vœu réalisa ;
Si bien qu’à peu de temps de là,
Quand ils furent en sa présence,
Ils ne virent pas sans effroi
Celui qu’ils désiraient pour roi
Plongé dans un affreux délire.
« - Diable ! dirent-ils - rien à faire
Avec un pareil abruti. »
Et l’ambassade repartit.
Et voilà notre excellent Fiacre,
Heureux d’échapper à son sacre,
Qui reprit ses esprits soudain,
Et se remit à son jardin.
Il vécut très longtemps encore
Au milieu d’une ardente flore !
Puis un beau jour, vers le Seigneur,
Exhala son âme de fleur !
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