4 mai 2008

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La Peur des Coups
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Ce gouvernement en ruine
Ressemble - m’est avis - beaucoup
A ce héros de Courteline
Dans sa pièce : la Peur des Coups.

Vous savez, ce mari grotesque
Qui, dans un bal, croit fermement
Que sa femme le trompe ou presque,
Mais ne dit rien sur le moment.

Il n’en pense pas moins, la rosse,
Car une fois à la maison,
Il lui fait une scène atroce
Et lui cherche un tas de raisons.

Tel ce gouvernement inane
Sort avec son épouse au bras,
La douloureuse Marianne
Et lui fait mille et mille embarras.

Par hasard une brute anglaise
Ou quelque butor allemand
Prend à celle-ci sa … cimaise ?
Que dit ce mari de roman ?

Rien du tout, l’Anglais le méduse,
L’Allemand le tient en respect.
Des fois il leur fait des excuses
Enfin cet être absurde, abject

Pour un rien perd la tramontane,
Tremble pour un oui ou un non ;
Lorsque chante le pétomane,
Il croit entendre le canon.
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Mais une fois dans son ménage
Il faut le voir, plein de fureur,
Se complaire dans le carnage
Et semer partout la terreur.

Il fait le fendant, cet esclave !
Il va sacrant et défiant
Des invalides… il est brave
A cause du taf ambiant.

Il s’en prend à ceux de l’armée
Qui, comme on sait, n’en peuvent mais…
Il fait le géant, ce pygmée !
Ce trou se moque des sommets !

Il triomphe aussi sur des nonnes
Avec des grâces d’éléphant.
Il les remplace par des bonnes
… A tout faire le plus souvent.

Vous le voyez, l’écume aux lèvres.
A coups de poing, à coups de pied,
Fracasser ses vases de Sèvres
Où meurent des fleurs en papier.

Tous les chiens, les chats qu’il rencontre,
Il les prend par la peau du cou ;
C’est de la sorte qu’il démontre
Que son courage va jusqu’où ?…

L’imbécillité de ce maître
Va jusqu’à condamner la
Langue Bretonne chez des êtres
Qui ne savent que celle-là!

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Si Marianne l’exaspère
En lui disant : « Mon jeune époux,
Au fond, cette immense colère
Vient de ce que t’as peur des coups ».

Sa rage n’a plus de limite,
- « Moi, peur des coups ! peur des coups, moi !
Dit-il à sa pauvre Marmite. -
Les coups, de qui ? Les coups, de quoi ?…

« Ah non ! flûte, alors ! zut et m….. !
Tu m’étonnes vraiment beaucoup.
C’est épatant ce que j’ai l’air de
Un Monsieur ayant peur des coups ! »


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
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