16 avr. 2008

.
.
.
LA PRINCESSE AMERICAINE
.

1906 : mariage d'Alice Roosevelt



Vous qui du grand et petit Belt
Jusques au Popocatepelt,
Vous tabustez, miss Roosevelt,

De vos noces, Dieu les bénisse
Un fois et que ça finisse,
S’en faut de peu qu’on en hennisse.

Donnez une fois votre main
Pour toutes. Il est inhumain
De la remettre au lendemain.

Vous faites votre merveilleuse
Tandis que lui, sous sa veilleuse,
Sent se rouiller sa mitrailleuse :

Je parle de votre promis.
Non, vraiment il n’est pas permis
D’ainsi lanterner ses amis.

Vous n’avez pas cette fortune
Qui permet, chez vous, à plus d’une
De choisir son heure opportune..

Vous êtes, c’est bien évident,
Une fille de Président.
Beaucoup tombe dans ce godant.

.

.

Mais il en est bien plus encore
Qui se moquent d’une pécore
Que ce seul parchemin décore.

Maintenant, d’un autre côté,
Vous n’êtes pas une beauté?
Vous êtes mieux en vérité.

Vous n’êtes pas une princesse,
Mais une petite gonzesse
Charmante - je le dis sans cesse.

Et j’aimerais mieux mille fois
- Sauf le respect que je vous dois -
Vous rencontrer au coin d’un bois,

Qu’un loup. Je n’en fais pas mystère.
Je trouve donc élémentaire
Qu’on vous aime sans inventaire


Encore qu’au jour d’aujourd’hui,
L’argent - comme l’on dit - n’y a qu’lui !
En tous cas, jamais il n’a nui.


L’amour sans argent est un mythe.
Ce n’est pas, dira le Sémite,
Lui qui fait bouillir la marmite.


Aussi n’avez-vous pas conquis
Le moindre, de chez nous marquis.
Rattrapez-vous sur vos yankee.

Voici qu’un d’eux, par aventure,
Veut dénouer votre ceinture ?
Passez par-dessus sa roture.


Faites-le cocu dans l’instant.
Mais pour Dieu, miss, il en est temps
Ne vous rasez pas plus longtemps.


RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
Fév. 1906



Aucun commentaire: