5 avr. 2008

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Voulez-vous tousser ?
Ne prenez pas de Pastilles Poncelet
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Vous désirez donc, ô Delorme,
Que par le canal du
Courrier
En quelques mots je vous informe
De ce qui s’est passé d’énorme
A Paris, de particulier,
De rare… depuis votre absence.

Ma foi, j’ai un peu connaissance,
Étant moi-même, en conscience,
Aussi peu qu’on peut à Paris.
Enfin, voilà ce que j’ai appris
Par hasard, et que je résume
Pour vous, au courant de la plume.
D’abord, votre vieux Dennery
Usé jusques à l’émeri
Est mort : Dieu protège son âme
Qui lui fera des mélodrames !
Notre Richelieu, Delcassé
A prononcé dans cette langue
Que parle éminemment Sarcey
Une rassurante harangue
En laquelle il a ressassé
Qu’il n’y avait rien de cassé.
L’Angleterre n’est qu’un fantôme
Dont on menace les petits
Enfants ; du moins à ce qu’il dit.
C’est ça qui nous a mis un baume !
Qu’est-ce encore je vous dirai ?…


Ah ! parmi les neuf décorés,
Figure Georges Courteline.
Pour ne fois, n’est-il pas vrai,
Devant cette croix on s’incline.
Oui certes, j’eus un plaisir bœuf
Quand j’appris ce décoré neuf.
Sur lui la croix a bonne mine…

Il parait que l’on vient d’ouvrir
Une enquête aux fins d’enquérir
Si Museau est ou non coupable
De complicité regrettable.
Cela parait invraisemblable
C’est pourtant ainsi. Le Quesnay
A dit-on démissionné
A la suite de cette enquête.
Quant à Picquart, la forte tête
Du parti des hurlubiers,
Il se serait foulé le pied
En buvant un grog ordinaire
Trop chaud. Je crois qu’il exagère.




Moi, je viens de fonder ici
Une nouvelle ligue aussi.
Elle vient à peine de naître
Et tout le monde veut en être.
Son but est d’admettre le port
Facultatif du parapluie.
Avez-vous remarqué d’abord
Combien ce parapluie ennuie
Que l’on traîne les jours sans pluie ?
S’il pleut, c’est parfait. S’il fait beau,
Ce laid ustensile est de trop.
Vous serez de ma ligue. Et sur ce,
A moins que d’exiger de moi
Le résultat complet des curses,
Bonsoir. J’ai dit de quoi je savais.
A propos, un conseil encore
Que je tiens de ton Félix Faure.
Avant ton départ, tu avais,
Ce me semble, un peu d’anémie.
Ami, prends-moi du
Fer Bravais,
Et tu n’auras plus d’anémie.
On m’a dit aussi, mon petit,
Que tu n’avais plus d’appétit ?
Que le ciel t’aide comme il m’aide !
Je vais t’indiquer un remède :
Le meilleur des apéritifs
Le plus certain, le plus actif,
Celui qui prépare les voies,
Par qui tu connaitras les joies
De la table, que je connais,
C’est le
Quiquina Dubonnet.
Maintenant, jouis-tu d’un rhume,
Et voudrais-tu tousser
Jusques à ce qu’il te consume ?
Fuis les
Pastilles Poncelet.



RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
29 janv. 1899

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