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ELEGIE A UNE CASSEROLE
.ELEGIE A UNE CASSEROLE
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De quel cuivre, de quel étain,
Casserole, fus-tu forgée ?
Qu’écrivit pour toi le destin ?
Dans quelle cuisine rangée,
Fais-tu la gloire des souillons ?
Composa-t-on maints ripaillons
Dans tes flancs ou gronda la sauce ?
(Quels doigts y trempèrent, dis-moi ?)
La bobonne était-elle grosse ?
Le patron semait-il l’effroi ?
Dis-moi quels cordons-bleus austères
Firent sauter dans tes flancs d’or
(Ô ! Quels ragoûts y mijotèrent !)
Des rognons d’agnelets, de porcs ?
A quelle barre vénérable
Te pendis-tu ? Sur quelle table
Se traîna ton cul mordoré ?
Et quel enfer, pour ta souffrance,
Sans voir ton gosier altéré,
A fait bouillonner ton jus rance ?
Tu vas, maintenant vif métal,
Barrant une rigole immonde !
As-tu souci du mot fatal ?
Sais-tu ce que c’est que le monde ?
Connais-tu les âpres chemins
Où s’écorchent les pieds humains ?
Un collecteur sera la tombe
Où tu t’iras purifier ;
Même la casserole tombe,
A qui désormais se fier !
De quel cuivre, de quel étain,
Casserole, fus-tu forgée ?
Qu’écrivit pour toi le destin ?
Dans quelle cuisine rangée,
Fais-tu la gloire des souillons ?
Composa-t-on maints ripaillons
Dans tes flancs ou gronda la sauce ?
(Quels doigts y trempèrent, dis-moi ?)
La bobonne était-elle grosse ?
Le patron semait-il l’effroi ?
Dis-moi quels cordons-bleus austères
Firent sauter dans tes flancs d’or
(Ô ! Quels ragoûts y mijotèrent !)
Des rognons d’agnelets, de porcs ?
A quelle barre vénérable
Te pendis-tu ? Sur quelle table
Se traîna ton cul mordoré ?
Et quel enfer, pour ta souffrance,
Sans voir ton gosier altéré,
A fait bouillonner ton jus rance ?
Tu vas, maintenant vif métal,
Barrant une rigole immonde !
As-tu souci du mot fatal ?
Sais-tu ce que c’est que le monde ?
Connais-tu les âpres chemins
Où s’écorchent les pieds humains ?
Un collecteur sera la tombe
Où tu t’iras purifier ;
Même la casserole tombe,
A qui désormais se fier !
G. DELAQUIS
Le Courrier Français
31 juin 1898
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1 commentaire:
Bonjour
Votre blog est très intéressant. Je viens de le découvrir et j'y reviendrai.
Cordialement,
F. Lefaix
http://dadaparis.blogspot.com/
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