28 janv. 2008

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LES ASSASSINS FONT UNE TÊTE !…
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On vient de supprimer les appointements du bourreau.
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(TRIOLETS)
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I

On la coupe à Monsieur Deibler…
- La tête ? - Oh ! non, mais bien la rente.
Fini de rire à Monte-en-l’air.
On la coupe à Monsieur Deibler.
Personne plus n’y verra clair
Dans sa lunette fulgurante.
On la coupe à Monsieur Deibler
- La tête ? - Non. Mais bien la rente.


II

Les assassins ont fait un blair
Dès qu’ils ont appris la nouvelle.
Comme ils aimaient leur vieux Deibler,
Les assassins ont fait un blair.
Ce n’est pas la chanson mais l’air
Qu’ils trouvaient chez lui « la plus belle »…
Les assassins ont fait un blair,
Dès qu’ils ont appris la nouvelle.


III

A l’abbaye de Monte-en-l’air,
Deibler tourne sa manivelle…
C’est fait dans le temps d’un éclair,
A l’abbaye de Monte-en-l’air…
Tandis qu’il n’en va pas, c’est clair,
De même à cette vieille Nouvelle.
A l’abbaye de Monte-en-l’air,
Deibler tourne sa manivelle…

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IV

Il est aidé par ses trois…élèves
En qui son talent se révèle.
Pour satisfaire nos Gesslers
*
Il est aidé par ses trois clercs.
C’est pas trop de leurs huit cuillers
Pour faire une ouvrage aussi belle.
Il est aidé par ses trois clercs
En qui son talent se révèle.


V

Les assassins, ayant du flair,
N’en pincent pas pour la « Nouvelle ».
Ils préfèrent le trou Deibler,
Les assassins, ayant du flair.
Ils ne tiennent pas, tel Kepler,
*
A voir de l’étoile nouvelle.
Les assassins, ayant du flair,
N’en pincent pas pour la Nouvelle.


VI

Que feront-ils, ces assassins ?
Continueront-ils leur commerce
De plonger un fer dans nos seins ?
Que feront-ils, ces assassins ?
Ou bien s’il entre en leurs desseins
De foutre un camp, en Chine, en Perse !…
Que feront-ils ces assassins ?
Continueront-ils leur commerce ?


VII

Non. C’est fini les assassins,
Plus de bourreau, c’est la faillite.
Ils deviendront de petits saints.
C’est bien fini des assassins.
Ils laisseront aux médecins
Le soin de reprendre leur « suite ».
C’est bien fini des assassins.
Plus de bourreau, c’est la faillite !


VIII

Perdre sa caboche d’un coup,
Ce n’est rien, je vous le répète.
Ce n’est pas pour gêner beaucoup.
Perdre sa caboche d’un coup.
L’avoir sans cesse sur le cou.
Là-bas, c’est la perdre à perpète.
Perdre sa caboche d’un coup,
Ce n’est rien, je vous le répète.



RAOUL PONCHON
Le Courrier Français

06 juin 1906

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