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En hommage à
François Caradec *
mort le 13 novembre 2008
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POUR LE JOUR DES MORTS
.Son vieil ami Ponchon lui dédit ces quelques vers.
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A la mémoire d'A. Allais.
Un vieillard râlait sur sa couche,
Souffrant tous les maux d’ici-bas.
Déjà bleuissaient sur sa bouche,
Les violettes du trépas.
Cependant, d’aurore en aurore,
Trahi par le cruel Destin,
Pour souffrir davantage encore,
Il s’éveillait chaque matin.
« O Mort ! abrège mon martyre !
- Criait l’infortuné vieillard.
Il importe peu que j’expire
Un peu plus tôt, un peu plus tard.
« Je n’ai vécu que trop d’années,
Et j’aspire à l’éternel soir ;
Car dans mes prunelles fanées,
Le Monde se reflète en noir.
« Je n’attends plus rien de la vie.
Compte, au lieu de me l’acquérir,
A la jeunesse inassouvie
Le peu qui me reste à courir. »
Et voilà que soudain, hagarde,
Sous son masque de carnaval,
Il vit l’effroyable camarde,
Debout sur son seuil, à cheval !…
« Enfin ! dit-il. Que tu m’es bonne,
Toi qui si longtemps me leurras ! »
Et tout ainsi qu’à la Madone,
Il lui tendit ses maigres bras.
Mais elle éperonna sa bête
Et continua son chemin,
Sans seulement tourner la tête
Vers ce vieillard en parchemin.
*
* ...*
Plus loin, dans les vertes prairies,
Deux amants, beaux et bien vivants,
Faisaient mille folâtreries ;
Vous eussiez dit de deux enfants.
Ils ne connaissaient de la Vie,
Les pauvres petits ! que l’Amour ;
Et leur âme était asservie
L’une et l’autre, et sans nul retour.
Ils allaient, joyeux, par la plaine,
Souriant de leurs yeux d’avril ;
Les vents retenaient leur haleine,
Pour ne troubler point leur babil.
Et voici que la Mort affreuse,
Rageusement, fondit sur eux,
Et, d’un geste, prit l’amoureuse
Dans les bras de son amoureux.
RAOUL PONCHON
Le Journal
30 oct. 1905
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Alphonse Allais et Raoul Ponchon, voir : *
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