19 déc. 2007

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BLONDE et BRUNE
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Dans six cents ans d'ici, il n'y aura plus de blondes.
(Un docteur américain)


Un savant anthropologiste
- D’aucuns diraient un humoriste -
Nous déclare sans discourir
Plus avant, et sans commentaire,
Que, de jour en jour, sur la terre,
La blonde tend à dépérir ;

Si bien que dans six cents années,
Elle aura clos ses destinées
Et qu’il n’en restera plus rien.
N’est-ce la qu’un propos frivole ?
Faisons-lui crédit sur parole,
Dans tous les cas. Nous verrons bien.

Au demeurant, ce cher problème
De la femme reste le même :
La question est de savoir
Laquelle prévaut par le monde,
Ou de la brune ou de la blonde
Et peut le mieux nous émouvoir ?


La blonde est mieux. La brune est pire.
A laquelle donner l’empire ?
Ah ! Qui nous le dira ? Seigneur,
Tu les as faites l’une et l’autre.
Pour ta grande gloire et la nôtre,
Et pour notre double bonheur !

Certes, depuis les temps antiques,
La blonde, en toutes esthétiques,
A toujours eu la primauté.
Aussi, pour que nul n’en ignore,
Les grecs ont voulu blonde encore
La déesse de la Beauté.

Ève était blonde. L’était-elle ?
Mon Dieu, mettons qu’elle était telle,
Jusques à plus ample informé.
S’ensuit-il que toutes les femmes
Doivent rentrer dans ce programme ?
Eh ! Qu’en penserait ma mousmé ?…


*
* ...*


Telle est la question profonde
Vaut-il mieux la brune ou la blonde ?
Pour moi, qui ne suis pas d’ici,
Mon cœur, à cet égard, bifurque,
Et ma façon de voir est turque ;
Les deux sont bonnes, dieu merci !

Si la blonde a de la fringance,
La brune a bien son éloquence.
Tenez : celle qui me poursuit
Dans mes rêves, est comme l’onde ;
Pendant tout le jour elle est blonde,
Elle est brune pendant la nuit.

A Paris, le centre du monde,
Nous avons la brune et la blonde ;
Disons même, sans parti pris,
Que ce sont de belles ponettes,
Soit blondinettes, soit brunettes,
Dont chacune vaut bien son prix.


Que m’importe, s’il faut conclure,
La couleur de leur chevelure
Sans pousser plus loin l’examen,
Il est certain que brune ou blonde,
La plus belle femme du monde
Est celle qu’on a sous la main.



RAOUL PONCHON
Le Journal
25 sept. 1905


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