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IL N’EST DON QUE DE REINE
IL N’EST DON QUE DE REINE
GUERRE RUSSO-JAPONAISE
L’Impératrice du Japon promet un ou plusieurs membres artificiels à tous ceux qui perdront leurs bras ou leurs jambes à la bataille.
(Journaux)
O trois fois heureux Japonais,
Que je vous porte envie !
A vos côtés, je me connais -
Je risquerais ma vie.
Ainsi donc, valeureux soldats,
Glorieuse phalange,
Vous porterez sur vos « bardas »
Des membres de rechange.
Vous n’avez pas besoin de ça
Pour marcher ?… Non, sans doute.
Et qui donc jamais le pensa ?
Tout de même, j’ajoute :
Avoir un membre dispersé
Et - le temps qu’on en baille -
Le voir aussitôt remplacé
C’est ça qui vous rempaille !
Et, vous avez bien entendu :
Deux jambes emportées
Dans ce cas-là, c’est deux - c’est dû -
Qui vous seront comptées.
Que si vous voyez à dix pas
Devant vous votre tête,
De même aussi, n’en soyez pas
Le moins du monde en quête.
Aujourd’hui n’est plus autrefois.
L’art n’a plus de limite :
L’invalide à tête de bois
N’est déjà plus un mythe.
*
* ...*
Ne vous frappez point, toutefois.
Vous pensez bien, je pense,
Qu’on usera du bois
De différente essence,
L’Impératrice du Japon promet un ou plusieurs membres artificiels à tous ceux qui perdront leurs bras ou leurs jambes à la bataille.
(Journaux)
O trois fois heureux Japonais,
Que je vous porte envie !
A vos côtés, je me connais -
Je risquerais ma vie.
Ainsi donc, valeureux soldats,
Glorieuse phalange,
Vous porterez sur vos « bardas »
Des membres de rechange.
Vous n’avez pas besoin de ça
Pour marcher ?… Non, sans doute.
Et qui donc jamais le pensa ?
Tout de même, j’ajoute :
Avoir un membre dispersé
Et - le temps qu’on en baille -
Le voir aussitôt remplacé
C’est ça qui vous rempaille !
Et, vous avez bien entendu :
Deux jambes emportées
Dans ce cas-là, c’est deux - c’est dû -
Qui vous seront comptées.
Que si vous voyez à dix pas
Devant vous votre tête,
De même aussi, n’en soyez pas
Le moins du monde en quête.
Aujourd’hui n’est plus autrefois.
L’art n’a plus de limite :
L’invalide à tête de bois
N’est déjà plus un mythe.
*
* ...*
Ne vous frappez point, toutefois.
Vous pensez bien, je pense,
Qu’on usera du bois
De différente essence,
.
Selon le grade. Un tourlourou
N’aura droit, par exemple,
Qu’à du pitchpin, à du bambou…
Un lieutenant, plus ample,
Devra jouir, c’est évident,
D’un bras en cœur de chêne,
Tandis, un cèdre du Liban
L’aura le capitaine.
Le major, en buis, le « colo »
En du bois de réglisse,
Dont il se fera du coco,
En dehors du service.
Quant au général, c’est à voir…
Ces bois sont bien fragiles ;
Il pourra se prévaloir
D’un membre en bois des îles.
J ‘allai oublier le tambour ;
Mais, puisqu’on en discute,
Accordons-lui le calambour
Pour s’en faire des flûtes…
*
*... *
Tel est le gracieux cadeau,
Japonais qu’on jalouse,
Que vous fait votre mikado,
Si ce n’est son épouse.
Allez et qu’au sein des combats
Votre courage flambe,
Non sans vous répéter tout bas :
« Ah ! la jambe ! la jambe ! »
.
RAOUL PONCHON
Le Journal
30 mai 1904
Selon le grade. Un tourlourou
N’aura droit, par exemple,
Qu’à du pitchpin, à du bambou…
Un lieutenant, plus ample,
Devra jouir, c’est évident,
D’un bras en cœur de chêne,
Tandis, un cèdre du Liban
L’aura le capitaine.
Le major, en buis, le « colo »
En du bois de réglisse,
Dont il se fera du coco,
En dehors du service.
Quant au général, c’est à voir…
Ces bois sont bien fragiles ;
Il pourra se prévaloir
D’un membre en bois des îles.
J ‘allai oublier le tambour ;
Mais, puisqu’on en discute,
Accordons-lui le calambour
Pour s’en faire des flûtes…
*
*... *
Tel est le gracieux cadeau,
Japonais qu’on jalouse,
Que vous fait votre mikado,
Si ce n’est son épouse.
Allez et qu’au sein des combats
Votre courage flambe,
Non sans vous répéter tout bas :
« Ah ! la jambe ! la jambe ! »
.
RAOUL PONCHON
Le Journal
30 mai 1904
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