.
.
Quand le père Noé qui nous planta la Vigne
Et qui sut en tirer le Vin éblouissant,
Et qu’il en but, pour la première fois, le Sang
Dans ses veines s’émut - car telle est la consigne.
Il se crut en proie à quelque fièvre maligne
Qu’est-ce que lui voulait ce jeune adolescent ?…
Et ne sachant encor le charme tout puissant,
Il dit à cet intrus qu’il tenait pour indigne :
« Que viens-tu faire ici, chez moi, grand maladroit ?
Tu vois bien que je suis déjà trop à l’étroit. »
Et le Vin dit au Sang : « Va, ne crains rien, mon frère,
Ta crainte est chimérique et, ton désespoir vain.
Je ne viens pas, crois-le, t’excéder au contraire,
Puisque je suis le Vin, tu m’entends bien; le Vin ! »
RAOUL PONCHON
Le Journal
16 mai 1904
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire