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D'où vient le dicton :
99 moutons et un champenois
Cent bêtes
Lorsque César conquit les Gaules
- Ce qui ne nous rajeunit pas -
Il en fit voir plutôt de drôles
A nos illustres grands-papas ;
Les accablant de toutes sortes
D’impôts et de dîmes encor,
Autant pour payer ses cohortes
Que pour augmenter son trésor.
Or, en ces temps-là, de Cocagne
Pour notre impérial Giton, *
Le revenu de la Champagne
Était en troupeaux de moutons. *
Une pauvre province, en somme,
Si l’on en croit les documents.
Mais, même avec l’empereur, comme
Il est des accommodements
Pour faciliter son commerce,
Et ne le ruiner du coup -
D’autant que ce pays adverse
Devenait le sien après tout,
Il jura, par sa chauve tête,
Que jamais sur les dits troupeaux
Qui ne compteraient pas cent bêtes
Il ne prélèverait d’impôts.
Les Champenois, quoi qu’on en dise,
Sont des gars malins et subtils.
Par Teutatès ! quelle bêtise !
Qu’à ça ne tienne - dirent-ils.
Dès lors, le fisc insatiable
Ne trouva plus dans leurs cantons
Que des troupeaux invraisemblables
De quatre-vingt-dix-neuf moutons.
Et le fisc revenant bredouille,
Croyant à l’effet du hasard,
Et racontant, pauvres andouilles,
Leur mésaventure à César.
César n’aime pas qu’on le trompe.
Il n’est pas de ces éléphants
Que l’on peut mener par la trompe.
- « Ah ! c’est comme ça, mes enfants ?
« Vous voulez vous payer ma tête…
Comptez-moi donc pour un mouton,
Le berger. Ça fera cent bêtes. »
C’est d’où vient le fameux dicton.
RAOUL PONCHON
Le Courrier Français
24 août 1905
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