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A Moi, Comte, deux mots…
.A Moi, Comte, deux mots…
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Au comte Robert de Montesquiou auteur de « Prières de tous ».
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Au comte Robert de Montesquiou auteur de « Prières de tous ».
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Robert, tu es le roi des ivres,
Montesquiou, tu es assommant
A ne publier que des livres
Qui coûtent cher infiniment.
Ainsi donc, tu prétends me vendre
Trente francs ton petit dernier.
Jamais de la vie ! Où les prendre ?…
Sais-tu bien ce que c’est un denier.
Trente francs ! Mais, fichtre de bigre !
Banville dirait à cela :
« On pourrait se payer un…tigre,
Mon cher ami, pour ce prix-là. »
Trente francs ! C’est à n’y pas croire.
Cher maître, va considérant
Combien de chopes je puis boire
Pour la somme de trente francs !
Trente francs, ça n’est pas des prunes
Au surplus, sache bien ceci :
Que si je possédais six thunes
Tu ne me verrais pas ici.
*
* ...*
Robert, tu es le roi des ivres,
Montesquiou, tu es assommant
A ne publier que des livres
Qui coûtent cher infiniment.
Ainsi donc, tu prétends me vendre
Trente francs ton petit dernier.
Jamais de la vie ! Où les prendre ?…
Sais-tu bien ce que c’est un denier.
Trente francs ! Mais, fichtre de bigre !
Banville dirait à cela :
« On pourrait se payer un…tigre,
Mon cher ami, pour ce prix-là. »
Trente francs ! C’est à n’y pas croire.
Cher maître, va considérant
Combien de chopes je puis boire
Pour la somme de trente francs !
Trente francs, ça n’est pas des prunes
Au surplus, sache bien ceci :
Que si je possédais six thunes
Tu ne me verrais pas ici.
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Je suis bien sûr que ton volume
Vaut largement ces trente francs :
Les vers qui sortent de ta plume
N’étant jamais indifférents.
Tes Prières sont un délire
De verve - je n’en veux douter -
Mais ce n’est pas trop, je dois dire,
Des Humbert pour les acheter.
La poésie à trois cinquante
Ne se vend déjà que très peu,
Serait-elle plus éloquente
Que tous les chefs d’œuvre de Dieu.
Vois notre Muse de Noailles
Qui triomphe en ce même instant ;
Ce ne sont que des menuailles
Qu’elle nous donne argent comptant,
Non plus de la littérature…
Ses vers subtils et pénétrants,
Comme ils fleurent bon la nature !
Or, ils ne coûtent que trois francs.
Mon Dieu, vous me direz, mon prince,
Que votre ouvrage est illustré
Par un peintre qui n’est pas mince.
Et cela se paye… c’est vrai.
Votre ouvrage est plein de gravures.
Point n’est besoin d’un œil de lynx
Pour constater ses fioritures -
Madeleine Lemaire pinx…
Il se montre en bel équipage.
Mais à ce compte-là, mon gros,
Tu pourrais entre chaque page
Aussi bien mettre des Corots.
Quoiqu’il en soit, à moins d’être ivre
Moi-même, à ce prix insensé
Je ne puis acheter ton livre,
Et te voilà bien avancé !
RAOUL PONCHON
Le Journal
07 juin 1904
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