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L'HOMME - OISEAU
.Il est bien certain que depuis
Déjà pas mal d'années,
Les saisons, en ce doux pays,
Semblent déraisonnées.
C'est à croire que le Très-Haut
Pratique un sabotage,
A l'instar de monsieur Pataud,
A notre grand dommage.
C'est ainsi que l'été vermeil
Il nous le doit encore,
Et qu'il nous éteint le soleil.
Pourquoi ça ? Je l'ignore.
Peut-être il trouve révoltant
Que l'homme, son ouvrage,
Devienne pat trop compétent
Etqu'il lui porte ombrage.
Je l'entends d'ici : " J'ai créé
Ce gueux à mon image,
De même je lui dédiai
La terre, un vrai fromage.
" De plus, dès l'instant qu'il fût né,
Encore qu'il le nie,
Dans ma bonté je lui donnai
Un peu de mon génie.
" Il en abusa tôt après.
Tel est son caractère.
Il a pénétré des secrets
Que je voulais lui taire.
" Il est devenu surhumain.
Vraiment, je me demande
Ce qu'il ne fera pas demain,
Tant son adresse est grande !
" Ne voilà-t-il point aujourd'hui,
En son coupable zèle,
Qu'il prétend - ça, c'est inouï
Se fabriquer des ailes.
" Il veut voler, le scélérat !
Moi qui l'ai mis sur terre
Pour y ramper ainsi qu'un rat,
Je le dis sans mystère.
" Monsieur rêve d'être un oiseau !
Ce rat se croit un aigle !
Tu t'y casseras le museau.
Ah ! le petit espiègle !
" Sache bien que j'ai mis, l'ami,
Des milliers d'années
Pour réussir une fourmi,
Et j'avais des données
" Que tu n'as pas, que tu n'auras
Jamais, ma pauvre tourte.
Ne fais donc pas tant d'embarras ;
Ta vie est bien trop courte.
" Ah ! le bel oiseau que voilà !
Surtout, pas d'imprudences.
Et s'il fait des petits... holà !
Garde-m'en un, tu penses ! "
*
* *
C'est de la sorte, ou peu s'en faut,
Je me plais à le croire,
Que le Gentilhomme d'en haut
Parle en sa tour d'ivoire.
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