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LA PIECE EN NICKEL
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1903 : émission d’une première pièce en nickel de 25 centimes.
Le laid peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
On se demande à quel Kurde,
Quel absurde
Nickelé lui-même, à quel
Pied, nous sommes redevables,
Pauvres diables,
De cette pièce de Nickel ?
Car elle est épouvantable,
Pouvantable ;
Elle a - c’est mon sentiment -
Un air Suisse qui vous glace,
Côté face,
Et, côté pile, flamand.
Peut-être elle fut frappée,
Estampée,
Pour Victor-Emmanuel ;
C’est, en lui, le numismate
Que l’on flatte ;
Insister serait cruel.
Peut-être, c’est la monnaie
Destinée
Au sultan du Baccara…
- C’est bien possible - ou, sort pire !
A l’Empire
Nouveau-né du Sahara ?…
Chez nous, elle ne peut guère
Ou… si j’erre ?
Servir qu’à des cochers soûls,
Qui tacheront - belle affaire ! -
Nous la faire
Passer pour quarante sous.

Sans plus se mettre en dépense,
Si l’on pense
Qu’elle fut, comme toujours,
Et plus encor sous Emile,
Entre mille,
Choisie après un concours.
On se figure sans peine
La dégaine
Des autres, en admettant
Qu’elles aient été soumises,
Sans feintises,
A des juges compétents.
Plus celle-ci qu’on regarde,
Plus tocarde
On la trouve. Disons tôt
Qu’un jeton de bateau-mouche
Est moins « mouche »,
Voire un jeton de loto.
Mais, c’est assez la maudire :
Je puis dire
Que si Monsieur Letellier
Veut, en sa haute largesse,
A sa caisse,
M’en compter quelques milliers ;
Non seulement je déclare
Dare dare
Qu’il n’est rien de plus flambard
Que cette pièce incolore,
Mais encore
Que c’est un pur objet d’art.
R.P
05 août 1903
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