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A POMPEI
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On a trouvé de l’eau (!) dans une amphore à Pompéi.
Journaux
Pompéi, donc, cette ville
Morte sous la cendre vile,
Nous livre tout son secret
Peu à peu. Point de semaine,
Sinon de jour, qui n’amène
Avec soi son intérêt.
Des terrassiers, hier encore,
Sous leur pioche sonore
Faisaient surgir de nouveau
A la lumière solaire,
De son ombre séculaire,
Une sorte de caveau.
Des amphores, des cratères
Gisaient pêle-mêle à terre,
En grande confusion,
Dans cette enceinte, et j’ajoute,
Qui ne laissaient aucun doute
Sur sa destination.
Ils se trouvaient en présence
D’un de ces lieux de licence
Où le populo trinquait,
En l’espèce, une popine,
Que nos galopes-chopines
Dénommeraient mastroquet.
Un des lascars de l’équipe
Remua d’abord sa lippe,
En poussant des cris de veaux.
« Par Bacchus ! si quelque amphore,
Dit-il, contenait encore
Du vin, que ce serait beau ! »

Du vin ! Hélas ! ô chimère !
Désillusion amère !
On n’y trouva que de l’eau…
De l’eau saumâtre et fétide,
Autant vaut dire le vide.
De l’eau ! Quel affreux tableau !…
Au lieu du jus de la vigne,
« Ca, c’est vraiment de la guigne,
Fit un autre, car, enfin,
Est-ce qu’il n’est pas stupide
Que, s’il reste du liquide,
Ce soit de l’eau, non du vin ? »
« Pourquoi ça ? Dit un troisième,
En sa fantaisie extrême ;
Nos ancêtres, c’est écrit,
Trouvaient l’eau ramolissante,
Déjà même en l’an soixante
Dix-neuf après Jésus-Christ.
« Et donc, lorsque le Vésuve
Sortit fumant de sa cuve,
Pour cette ville enfouir,
Ce fut tellement rapide
Que l’être le plus valide
N’eut pas le temps de s’enfuir.
« Alors, quelques bons ivrognes
Se mirent à la besogne
En se disant : « Après nous,
Le Vésuve ! » Puis ils burent
Tout autant de vin qu’ils purent,
Laissant là l’eau… pas si fous !

« Et si, dans cette buvette,
Tu ne vois pas leurs squelettes,
C’est que ces braves pochards,
La cave une fois vidée,
N’eurent qu’une seule idée,
C’est d’aller boire autre part.
« Or, vous devez bien comprendre
Qu’ils sombrèrent dans la cendre.
Mais soyez certains aussi,
C’est qu’à nos prochaines fouilles
Nous trouverons ces andouilles
Pas tellement loin d’ici. »
R.P
le Journal - 01 avril 1912
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