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LE RENARD & LES POULES
On sait qu'au Congrès de la Haye,
La question fut agitée
D'un général désarmement.
A ces fins, ô rois ! vous nommâtes
Vos plus habiles diplomates,
Aussi notre Gouvernement.
C'étaient donc là quelque cinquante
Personnalités bien marquantes ;
Tant Espagnols qu'Italiens,
Japonais, Bulgares, Grecs, Russes,
Des Algonquins et des Borusses,
Anglais, Turcs et Brésiliens...
Je ne sais plus qui, pour la France,
Sévit à la conférence,
Mais je puis bien vous affirmer
Qu'il parla dans de forts bons termes,
Et qu'il insista dur et ferme
Sur le besoin de désarmer.
C'était le seul, il faut le dire,
Les autres avaient le sourire
Inquiétant, plutôt mauvais,
Et paraissaient ne tenir guère,
Tout en s'attristant sur la Guerre,
Aux avantages de la Paix.
- Mon maître adore la campagne,
Disait l'envoyé d'Allemagne ;
La Paix est son voeu le plus cher.
Mais surtout qu'on ne le défrise !...
Vous connaissez tous sa devise :
" Main de velours sous gant de fer ".
- La Guerre est toujours nécessaire,
Insistait un autre émissaire,
Lorsque mon pays l'entreprend ;
Autant elle devient barbare
Quand un autre la lui déclare.
Le cas est ici différent...
Un nègre de la Jamaïque,
Non sans une étrange mimique,
Lâcha cette phrase, en passant,
Qui mit aussitôt ses collègues
En douce gaieté : " Tous les nègues
I' sont bons, tous les blancs méchants. "
- Les peuples ne sont plus des frères,
Quand leurs intérêts sont contraires,
C'est bien certain, dit le Français,
Mais on peut, avant tout carnage,
Faire appel à quelque arbitrage,
Qui saura trancher le procès...
*
* *
Ah ! bien oui ! Belle balancoire !
Il n'est rien de plus dérisoire
Qu'un arbitrage, et hasardeux !
Quand deux peuples sont en bisbille,
Un arbitre vient qui les pille,
Sans autrement s'occuper d'eux.
Faire intervenir un troisième,
Comme référence suprême,
C'est aussi bête, blague à part,
Que de vouloir, pauvre maboule,
Qu'un différend, entre deux poules,
Soit arbitré par un renard.
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