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LA COMETE
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C'était dans la nuit brune,
Sur Paris, la... quoi donc ?
La Lune ?...
La comète, pardon.
La comète à sept queues,
De plusieurs millions
De lieues.
Disent nos Flammarions. * * *
- " O comète ! ô prodige !
Qui trouble le savant,
- Lui dis-je,
Aujourd'hui comme avant ;
" Es-tu la queu' du diable ?
Je ne sais, mais c'est peu
Probable ;
Tel n'est pas son milieu.
" Es-tu, qui nous menace,
Le fouet d'un dieu jaloux,
Tenace
Dans sa haine pour nous,
" Ou, - l'on ne perd au change, -
L'âpre glaive enflammé
De l'ange
Arzaël dénommé ?... *
*
* *
" Serais-tu prophétique,
Ainsi que dans le temps
Antique ? *
Est-ce que tu prétends,
" Comète furibonde,
Tomber tout à coup sur
Le monde
Et troubler son azur,
"Et nous réduire en cendre ?
Vas-tu sur nos cités
Répandre
Mille calamités ?...
" Ma foi ! c'est bien possible.
Je n'en serais surpris ;
Pour cible
Nous ayant déjà pris.
" Car, dans ton ciel tragique
A peine tu nous luis,
Voici que
Il nous vient des ennuis
" De partout, dont le moindre
C'est d'avoir un grand choc
A craindre
Du côté du Maroc...
*
* *
" Non. Sur toi je m'abuse
Bonne comète ; et ta
Diffuse
Lumière m'attriste à
" Tort. Tes lueurs bénignes
Sont pour influencer
Nos vignes,
Et les fertiliser.
" Comme en dix-huit cent onze, *
Tu nous vaudras du vin
De bronze, -
Si j'ose dire, - enfin,
" Mettons du vin d'artiste,
Qui, tout en vieillissant,
Résiste,
Et gagne cent pour cent.
" Que si c'est là ton rôle,
Tu es évidemment
Plus drôle,
Au sein du firmament.
" Et surtout, ô comète !
Prends du Midi grand soin !
Mazette !
Son vin en a besoin ! "
RAOUL PONCHON
le Journal
Août 1907
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