11 oct. 2007

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LA COMETE
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C'était dans la nuit brune,
Sur Paris, la... quoi donc ?
La Lune ?...
La comète, pardon.

La comète à sept queues,
De plusieurs millions
De lieues.
Disent nos Flammarions.
* * *

- " O comète ! ô prodige !
Qui trouble le savant,
- Lui dis-je,
Aujourd'hui comme avant ;

" Es-tu la queu' du diable ?
Je ne sais, mais c'est peu
Probable ;
Tel n'est pas son milieu.

" Es-tu, qui nous menace,
Le fouet d'un dieu jaloux,
Tenace
Dans sa haine pour nous,

" Ou, - l'on ne perd au change, -
L'âpre glaive enflammé
De l'ange
Arzaël dénommé ?...
*

*
* *

" Serais-tu prophétique,
Ainsi que dans le temps
Antique ?
*
Est-ce que tu prétends,

" Comète furibonde,
Tomber tout à coup sur
Le monde
Et troubler son azur,

"Et nous réduire en cendre ?
Vas-tu sur nos cités
Répandre
Mille calamités ?...


" Ma foi ! c'est bien possible.
Je n'en serais surpris ;
Pour cible
Nous ayant déjà pris.

" Car, dans ton ciel tragique
A peine tu nous luis,
Voici que
Il nous vient des ennuis

" De partout, dont le moindre
C'est d'avoir un grand choc
A craindre
Du côté du Maroc...

*
* *

" Non. Sur toi je m'abuse
Bonne comète ; et ta
Diffuse
Lumière m'attriste à

" Tort. Tes lueurs bénignes
Sont pour influencer
Nos vignes,
Et les fertiliser.


" Comme en dix-huit cent onze,
*
Tu nous vaudras du vin
De bronze, -
Si j'ose dire, - enfin,

" Mettons du vin d'artiste,
Qui, tout en vieillissant,
Résiste,
Et gagne cent pour cent.


" Que si c'est là ton rôle,
Tu es évidemment
Plus drôle,
Au sein du firmament.


" Et surtout, ô comète !
Prends du Midi grand soin !
Mazette !
Son vin en a besoin ! "



RAOUL PONCHON

le Journal
Août 1907




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