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LE PAPE NOIR
.Le père Wrnz est élu général des Jésuites.
Ce Jésuitard caporal,
Ce Wrnz-Dieu vous bénisse !
Qui vient de passer général
Dans la même milice,
Je ne vous dirai pas, parbleu,
Qu'il est meilleur ou pire
Que ses prédécesseurs... C'est le
Jésuite - pour tout dire.
Ce pape noir (oh ! combien noir !)
Ainsi qu'on le surnomme,
En général est l'éteignoir
De celui-là de Rome.
D'abord, notons ce trait saillant.
Au moral, au physique,
Il est noir comme l'autre est blanc :
ainsi son nom l'indique.
On le dit noir - non pas, vois-tu,
Qu'il ait noire figure,
Mais il est tout de noir vêtu
Sans une fioriture ;
Et son âme est à l'avenant
Sous ces dehors funèbres ;
Et tu dirais du lieutenant
Du prince des Ténèbres.
* *
Le Pape blanc se laisse voir
Quelquefois à ses frères ;
Mais le noir ne veut rien savoir
Des regards téméraires...
Son fourbi se passe en dessous,
En des tréfonds de cave.
De là partent des décrets soûls
Tels que le Monde en bave.
On peut avec le pape blanc
Controverser encore ;
Avec le noir on va bêlant,
Ainsi qu'une pécore.
Il pose en articles de foi
Les pires niaiseries.
Chez lui, la raison sans emploi
Reste en des écuries ;
Tous examens sont superflus,
Dans le Dogme il se drape,
A ce point il est cent fois plus
Papiste que le Pape.
Sous prétexte de servir Dieu,
Il instaure l'absurde
Dans l'Univers, au beau milieu,
Et dit : je suis sûr de
Lui ! Mais cela n'est rien encor,
Cet être fanatique
Ne serait qu'un simple butor,
Si dans la politique,
Il ne mettait son nez roussi ;
Ne semait la discorde
Au sein des familles aussi.
Et, sans miséricorde,
Il désagrège les Etats,
Il dissout les ménages
Pour mieux profiter sur le tas ;
Jouant vingt personnages.
Tel est ce pape qui partout
Se fourre, s'intronise,
Et qui, je pense, au fond se fout
De sa mère l'Eglise !
Tel est ce sinistre animal,
Ce jésuite funeste,
Qui fait sur terre plus de mal
Que la plus noire peste.
Songez, que sa décision,
En Chine, comme en Gaule,
Reste sans contestation,
Sans appel ni contrôle !
Tout ça se passe sans tam-tam...
Sans tambour ni trompette,
Ad majorem Dei gloriam.
Mais Dieu n'est pas si bête.
RAOUL PONCHON
le Courrier Français
09 juin 1906
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