3 oct. 2007

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L’ESPRIT DE CHAPEL
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Donc nos chefs en vacances lisent,
C’est du moins eux qui nous le disent.
Et lisent quoi, je vous demande ?
De l’Escoffier
* ou du Carême,
Du Delly
* ou de La Varende * ?
Voire, bêtement, ce qui est vain,
Le Michelin ?
Vous vous gourez jusqu’au trognon.


A en croire un certain Alain
Chapel
* , qui fait penser à l’autre
Alain, le penseur bon apôtre
Et emmerdant comme pas un !
En réponse à un questionnaire
Des Nouvelles dites Littéraires
Ce Chapel, Alain, né dans l'Ain
Que l’on dit calé en cuisine
Répondit - ça me turlupine -
Qu’il allait lire, tenez-vous bien,
Les poésies de Lao-Tseu !
Mais sacrebleu de sacrebleu !
Corbleu, Morbleu et Palsambleu !
Et même sacré nom de Zeus !
Quelle idée pour un maître queux
De lire ce maître Tseu !


On croyait qu’au fond des marmites
J’en appelle à saint Fortunat
Régnait, je le dis tout de suite,
Un esprit moins chinois que ça !

La philosophie de Lao Tseu
Pour Chapel vaut son pesant d’œufs.
Passé-je pour vieille baderne
Je me défie d’un tel bonhomme
Et ne confie point mon estome
A ce lecteur de balivernes.



Je suis plein de bien portance.
Je digère excellemment.
Mais je pense
Qu’il en serait tout autrement
Si je savais que la bombance
Que l’on me sert vient d’une engeance
Qui, laissant Rabelais au feu,
Lit Lao Tseu !

Et foi de Ponchon, ma bistrote
Me ferait changer de gargote
Rien qu’en feuilletant Aristote !

Non, vrai. Lao Tseu au cœur des mijots
C’est à faire pisser un merlan par l’oreille
Roter un escargot
Et bâiller à Corneille !
Quelle aberration, quelle
Sottise universelle !
Tonnerre de Dieu, messieurs
Les chefs, oubliez Lao Tseu !



Robert Courtine
1984




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Excellent!!!
Joce