Taylor est passé par là. Tout est d’un calme épais.
On n’entend que le pas des gardiens de la paix
Qui retentit sur le bitume.
Ca et là, néanmoins, sans flûte ni tambours
D’aimables chenapans descendent des faubourgs
Selon leur ancienne coutume.
Tout est désert. Mais non, sous l’asthme succombant
Je vois un être sur le bi du bout du banc ;
Doucement de lui je m’approche
Et je distingue alors un vieillard marmiteux,
Miteux, calamiteux, et même Delpiteux
Qui tousse à fêler une cloche.
- Ah ! Dis-je, déplorant un semblable abandon,
De quoi, pauvre vieillard, puis-je te faire don
Pour te guérir de ce catarrhe ?
Et que tu chantes mieux que ne chantait Capoul
Irai-je te quérir un petit lait de poul ?
Te jouerai-je de la guitare ?
Veux-tu que je te paye un grog chaud sur le zinc ?
Peut-être aimes-tu mieux de l’huile d’Henri cinq ?
Je puis sur mes économies
Chez le pharmacien de nuit que tu vois là
T’acheter du jujube, ou bien encor de la
Tisane des quatre momies ?
Pour dompter tes poumons qui s’en vont au galop
Veux-tu le bon billet qui gagne le gros lot
Ou bien un clystère de prose
De monsieur Georgeonet cet homme si bossu
Que lorsqu’il dîne en ville, on n’a jamais bien su
S’il n’emportait pas quelque chose ?
Pour que ton gosier enrhumé du cerveau
Ta voix, ta triste voix, s’envole de nouveau
Ainsi qu’une svelte hirondelle,
Que veux-tu ? Lait de poule, ou jujube, ou grog chaud ?
- Ami, dit le vieillard qui sait ce qu’il lui faut :
J’veux des Pastilles Géraudel !
R.P
le Courrier Français
13 02 1887
.
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire