2 oct. 2007

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Verlaine
au Conseil Municipal


MM. Chausse, Vorbe et Faillet ont fait
rejeter le crédit de 200 francs demandé
pour le buste de Paul Verlaine.
(Echos du Jour)



Vorbe, Faillet et Machin…Chausse
Sont trois mâles municipaux.
On dit que dans leur haut-de-chausse
Vorbe, Faillet et Machin…Chausse
Laisseraient flotter quelque chose,
De même que sous leurs chapeaux
Vorbe, Faillet et Machin…Chausse
Sont trois mâles municipaux.

* *


A des hauteurs spéculatives
Montent parfois Vorbe et Faillet.
Leur pensée aborde à des rives…
A des hauteurs spéculatives.
Les méninges sont plus rétives
De Chausse, aussi son cervelet.
A des hauteurs spéculatives
Montent parfois Vorbe et Faillet.

* *

Chausse écoute, Vorbe sait lire,
Et Faillet ponctue assez bien !
Encor que sourd jusqu’au délire
Chausse écoute ! Vorbe sait lire !
Mais la…misère qu’est la lyre
Laissent froid ces macrobiens.
Chausse écoute ! Vorbe sait lire !
Et Faillet ponctue assez bien !



* *


Faillet, Chausse…Machin et Vorbe
Se fichent bien de Lélian.
Un autre souci les absorbe
Faillet, Chausse…Machin et Vorbe.
Qu’il aille gratter son théorbe
Dans le bois de Brocéliand…
Faillet, Chausse…Machin et Vorbe
Se fichent bien de Lélian.

* *


Le conseiller Chausse…Machin
Trouve Lélian non bustable.
Et point il ne vous le mâche, hein ?
Le conseiller Chausse…Machin,
Encore, si c’était Dorchain ?
Il se montrerait plus traitable.
Le conseiller Chausse…Machin
Trouve Lélian non bustable.



* *


Qu’a fait – dit Vorbe – ce poète
Pour qu’il nous coûte deux cents francs ?
Est-ce quelque chose de chouette ?
Qu’a fait – dit Vorbe – ce poète
Alors que coûterait Goèthe,
Voyons…tout bien considérant ?
Qu’a fait – dit Vorbe – ce poète
Pour qu’il nous coûte deux cents francs ?


* *

Ce serait tôt fait – dit Faillet –
De dilapider nos finances.
Pardine, si l’on n’y veillait,
Ce serait tôt fait – dit Faillet.
Deux cents francs ! hé ! c’est un billet !
On peut en avoir des romances…Ce serait tôt fait – dit Faillet –
De dilapider nos finances.


* *


C’était - dit Vorbe – un merlifiche
Même il mourut à l’hôpital.
Faillet dit : Je le croyais riche.
Non – dit Vorbe – un vrai merlifiche.
Et c’est cet homme qu’on veut fiche
– Dit Chausse – sur un piédestal !!!
C’était – dit Vorbe – un merlifiche
Même il mourut à l’hôpital.




Raoul Ponchon
le Courrier Français - 26 nov. 1899




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