25 nov. 2010

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LES MARINS DU KNIAZ-POTEMKIN
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O Marins du Kniaz-Potemkin,
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Je vous trouve superbes,
Tant pour vos façons de requin
Que pour vos vertus serbes.

Ah ! vous n'êtes pas finassiers,
Et vous savez y faire.
Ainsi, lorsque vos officiers
Ont cessé de vous plaire,

Tretons, dans un commun accord,
Et sans cérémonie,
Vous les jetez par dessus bord,
Adieu la compagnie !

Nom de Dieu ! si vous avez mis
Le même soin la veille,
A taper sur vos ennemis,
Vous eussiez fait merveille !

Mais vos ennemis, après tout,
Ne sont pas en Extrême-
Orient mais chez vous partout,
Dans votre pays même.

Vos ennemis, je les connais,
Pauvres gas que vous êtes,
Ce ne sont pas les Japonais,
Mais vos chefs, vos mazettes

De chefs, vos princes et vos ducs,
Toute la coterie
De ces coeurs pourris et caducs,
Sans bis et sans patrie.


Pour vous faire fuir le devoir,
Lasser vos patiences,
Ils ont dû vous en faire voir
De toutes les nuances.

Vous étiez des enfants domptés,
De bons gas bien dociles ;
Ils font de vous des révoltés.
Ah ! ah ! les imbéciles !

Votre ennemi, c'est votre tsar
Qui, sourd à vos misères
Vous dit du fond de son bazar :
Voyez mes commissaires.

Votre ennemi c'est aussi Dieu
Dont les prunelles closes
A l'univers ont dit adieu,
Et qui permet ces choses.

N'ayant donc à qui recourir
Pour obtenir justice,
Autant, n'est-il pas vrai, mourir,
Et que cela finisse ?...

Et vous voilà vos maîtres sur
Votre cité flottante ;
Vous vous croyez en lieu sûr,
Votre sort m'épouvante.

Quel sera-t-il ? Quel inconnu
Vous guette en la mer Noire,
A moins qu'un effort continu
Vous mène à la victoire ?

Au fait, je le sais. A Dieu vat !
Vous partirez en braves,
Dans les hurrah et des vivat,
Pour n'être plus esclaves.



POST-SCRIPTUM

Les marins du Potemkin se sont rendus. - 7 juillet

Ah bien zut ! Nous qui vous croyions
Des mathurins d'attaque !
Vous n'êtes tous que des couyons
Qui meurent d'une claque.




RAOUL PONCHON
le Courrier Français
13 juillet 1905


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