14 sept. 2007

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Variations sur le même sujet
Les vignerons sont dans la joie,
Eh bien donc, et moi ?

Car cet automne l’on espère
Un vin hors de pair.

Et vois ce chef- d’œuvre, ma chère,
Meilleur et moins cher.

J’en ris tellement que j’en pleure…
Moins cher et meilleur !

Nous en boirons tous deux à l’heure,
O ma fine fleur ;

Dans tous les cas je me prépare
A boire ta part,

Du diable si cela ne coiffe
Comme un gant ma soif.

Du vin à réjouir quiconque !
Nous en boirons donc

D’une façon désordonnée,
Même par le né.

Je t’en barbouillerai la joue
Pour faire joujou ;

Il m’en faudra verser encore
Dans ta bouche en or,

Coupe frémissante et sacrée
Que je viderai,

Et sur ta poitrine jumelle
Source d’hydromel,

Sur ta chevelure vermeille,
Pareille au Soleil

Qui vêt d’une flamme adorée
Ton corps adoré.


Vas-tu pas croire que je raille,
O mon doux sérail ?

Les femmes ont une peur bleue
De trinquer un peu.

Elles ont toujours, timorées,
Le Vin ignoré ;

Leur suffit pour faire la noce
L’Hunyadi-Janos.
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Pour moi la journée est perdue
Quand je n’ai pas bu

Un verre de vin magnifique
Et qui coule à pic ;

Mes dents en leurs impatiences
Vont dans tous les sens,

Je suis plus sec qu’une quenouille,
Ma fleur de fenouil ;

Ma langue est une ratissoire,
Ma rose du soir,

Dans ma gorge découragée
S’exténue un geai

Et ma cervelle est en délire
Comme le roi Lear.

Car pour ceux qui n’aiment pas boire
Il n’est nul espoir :

Le diable vous les patafiole
Et leur tord le col,

Au contentement de moi-même
Et de vous idem,

O ma mignonne, que j’adore
Plus qu’hier encore !



Raoul Ponchon


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