13 sept. 2007

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Modeste Ponchon
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Ponchon poussait la modestie jusqu’au vice ; il était modeste comme d’autres sont avares ; lui parler de sa littérature était un sûr moyen de le mettre en colère, ce qui lui arrivait facilement :

J’ai le caractère mal fait,
Pour un rien je m’emporte…


Il détestait la flatterie, au point qu’il se brouilla avec son apologiste, Marcel Coulon, qui avait publié sur son œuvre un livre charmant ; mais il avait commis le sacrilège de le comparer à Victor Hugo ! au Dieu ! Ponchon considérait ses productions comme négligeables, n’ayant qu'une valeur éphémère et indignes d’être conservées. Au fond, il était un grand timide, dont la timidité se traduisait, comme il arrive souvent, par des sorties et des algarades virulentes. Et puis il n’avait pas de besoins coûteux ; il habita pendant vingt-cinq ans une petite chambre, dans un hôtel d’étudiants, au coin de la rue Victor-Cousin et de la place de la Sorbonne :

Elle est au cintième, sur
Ta place, ô Sorbonne,
A l’abri de tout azur,
Ma chambre de bonne…

Lorsque, en 1913, cette maison ferma ses portes, il alla se loger quelques mètres plus loin, dans un hôtel analogue de la rue Cujas ; il y demeura jusqu’à son départ pour la clinique où il devait finir ses jours.
Il avait résolu le problème de vivre avec mille francs par mois…et de faire des économies !
Il avait, pour les honneurs, le même dédain que pour l’argent ; il blagua l’Académie*, la grande, celle où siègent « quarante mamamouchis, vêtus en piverts », jusqu’au jour où elle accueillit son « plus que frère », Jean Richepin.
Quant aux Goncourt, aux « ipsissimes Goncourt », il ne laissa jamais une occasion de les brocarder, eux et leur journal. Et, parodiant leur académie*, il écrivait dans son Grand Testament (1896) :

Mes dix académiciens
Auront un costume de guerre,
Qui les sépare du vulgaire,
Des marmiteux béotiens.
Un casque en forme de soupière,
Un faux-col en peau de serpent,
Des bas bleus, avec, au derrière,
Une vaste plume de paon…

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