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LE VOYAGE DU PRESIDENT
(Prédit par Mlle Couesdon)
(Prédit par Mlle Couesdon)
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« Je vois une espèce d’empaillé,
Chef d’un peuple renommé
Que vous reconnaîtrez
Si j’ajoute que c’est
Le peuple Français…
Je le vois couronné
- Pas le peuple Français,
Non, l’empaillé - *
D’un tube à huit reflets ;
Il porte à son côté
Un parapluie à épée,
Il est habillé
Comme un roi en été.
* *
« Attendez, attendez…
Il quitte l’Elysée…
A la gare il vient d’entrer,
Il prend son billet.
Va-t’il donc au jubilé
De la môme d’à côté ?
Non, non. Il en a soupé
De la môme d’à côté.
Il va dans un pays éloigné,
Dans un pays glacé,
La Russie, si vous voulez.
Dès qu’il est arrivé
Le tsar vient l’embrasser.
J’entends des propos s’ échanger /
« Mon cousin, je suis charmé…
Et c’te vieille santé ?
- Mon cousin, comme vous voyez.
- Vous auriez dû amener
Sa Majesté votre moitié ;
Elle est si distinguée.
- Un instant j’y ai bien pensé.
Et puis je n’ai pas osé.
Mais, dites-moi, à ce qu’il paraît
La vôtre vient d’accoucher
D’un magnifique bébé ?
- Oui, mais vous m’en voyez navré
Car j’espérais un héritier
Et c’est une pisseuse sans intérêt
Dont elle m’a gratifié.
- Mon Dieu, qu’est-ce que vous voulez ?
Vous recommencerez. »
Tels sont les propos échangés.
* *
« Je les vois maintenant passer
Dans la salle à manger.
Le samovar est tout indiqué.
Voici les cigares et le thé.
Un moujick apporte du papier,
Une plume,un encrier.
Le Tsar se dispose à signer…
Il s’agit d’un traité,
Mais pas de celui que vous croyez.
Il signe en réalité
Un reçu à notre empaillé,
Qui se laisse taper
An nom du peuple Français.
Je vous le dis, en vérité,
Attendez-vous, avant juillet,
A voir un cyclone passer
Sur votre porte-monnaie. *
Quant au fameux traité
Ce sera pour cet été… »
Ou pour celui d’après.
Allez, et buvez frais.
27 juin 1897
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