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A RAOUL PONCHON
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Que mon volume vous ait plu,
Sympatique et joyeux poète,
Voilà qui me met l’âme en fête.
M’apprendre que vous l’auriez lu
Même tel que chez le libraire,
A la vitrine, ils s’offrent tous,
C’est très gentil et j’en suis fière.
Mais sachez que j’ai fait pour vous,
En coupant ainsi ce volume
Comme pour Loti l’Immortel
- Et le nom de Loti résume
Toute la terre et tout le ciel !
Comme Ponchon est synonyme
D’esprit, de blague et de gaieté
Et, bien sûr aussi, de bonté.
C’est pourquoi j’ose moi l’infime
La sotte à qui l’esprit fait peur
Causer avec vous le moqueur ;
Mais le moqueur, plein d’indulgence
Qui pardonnera l’indigence
D’un esprit vide, hélas ! d’un cœur
En ce moment bien pitoyable.
Je vous paraîtrai, c’est certain,
Encore bien plus lamentable
Quand vous saurez que sur ma table
Il ne paraît jamais de vin…
Je préfère à ce jus divin
N’importe quel autre liquide :
La bière et surtout l’eau limpide…
Mais à l’eau je préfère encor
Ton vers joyeux, tes strophes d’or.
J’oublie en lisant ta Gazette
D’être triste et je fais risette
A la vie, aux bons, aux méchants.
Tel est le pouvoir de tes chants.
J’ajouterai pour être franche,
Que je n’ai plus depuis dimanche
Le cœur vide et la tête aussi.
Un mot remplit mon cœur, ma tête ;
Avec mon cœur je le répète
Comme avec ma tête : Merci !
Jane Guy
le Courrier français
19 juin 1898
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